Le commissaire Neyret mis en examen pour "corruption" et "trafic de stupéfiants"
"Il s’est expliqué clairement sur son métier, un métier dont il est très fier", a déclaré sur les marches du Palais Me Aurélie Sauvayre, l’un de ses avocats. Ajoutant que son client était "combatif" et qu’il s’était battu toute sa carrière contre "la criminalité organisée".
Au cours de ces quatre jours de garde à vue, le commissaire a notamment reconnu avoir été invité sur la Côte d’Azur par de présumés truands, et avoir bénéficié d’"avantages", dont "des voyages à Marrakech".
_ A l’issue de sa garde à vue, le commissaire Neyret a été présenté aux deux juges d’instruction chargés de ce dossier, et mis en examen pour "corruption, trafic d’influence, association de malfaiteurs et trafic de stupéfiants".
Reste au juge de la détention et des libertés à statuer sur son éventuel placement en détention, qui a été requis par le parquet.
Dix kilos de cannabis pour un "tonton"
Du côté de l’enquête, l’on indique avoir mis au jour un "système de drogue détournée afin de rémunérer les indicateurs". Les soupçons nés sur la base d’écoutes téléphoniques se sont confirmés : le commissaire Neyret aurait "prélevé" de la résine de cannabis avant le placement de la drogue sous scellés ou avant sa destruction, afin de rémunérer ses "tontons", voire de la revendre.
_ Selon l’une des écoutes, il se serait engagé à fournir 10 kilos de cannabis à l’un de ses indics.
Quatre autres policiers étaient, ce matin encore, en garde à vue : le patron de l’antigang de Lyon, le chef de l’antenne grenobloise de la PJ et son adjoint, et un autre commandant de la PJ. Trois d’entre eux pourraient être présentés demain aux deux juges d’instruction chargés de ce dossier.
_ Deux autres policiers ont été relâchés hier, mais de nouveaux interrogatoires devraient être menés dans les prochaines heures par la "police des polices" afin de mesurer l’ampleur des "prélèvements" de drogue.
Cette affaire relance le débat sur la gestion des indicateurs de police, désormais strictement règlementée depuis 2004. Certains estimant que les compensations prévues par la loi pour monnayer des informations ne sont pas à la hauteur de ce que réclament les "balances".
Gilles Halais, avec agences
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