Laetitia : Les magistrats, "écœurés", se mobilisent
Aux prises avec cette fronde inédite, François Fillon est intervenu pour la première fois hier, à l'issue d'une rencontre avec le ministre de la Justice, Michel Mercier, et celui de l'Intérieur, Brice Hortefeux. Il a qualifié ce mouvement de "réaction excessive" et appelé les magistrats à "la responsabilité".
_ Il a affirmé craindre que cette révolte “ne puisse pas être comprise des Français”. Pour le Syndicat de la magistrature (SM), c'est le premier ministre qui “n'a pas pris conscience de l'ampleur du malaise”, selon son secrétaire général adjoint Benoist Hurel. L'USM a dit être “écœurée” par ces nouvelles déclarations.
_ Les syndicats de magistrats ont reçu le soutien du Conseil national des barreaux, qui représente la profession d'avocat, et de nombreuses personnalités de l'opposition. A l'opposé, la majorité fait bloc derrière le président, estimant que les magistrats doivent“ rendre des comptes”.
_ Les policiers, également critiqués, sont divisés. Le syndicat SNOP (majoritaire chez les officiers) a dit qu'il serait présent à la manifestation de jeudi et Unité SGP-FO (1er des gardiens de la paix) a dénoncé les propos du président. Mais Synergie (2e syndicat d'officiers) et Alliance (2e syndicat de gardiens) ont refusé de se joindre à la fronde.
Une mobilisation sans précédent
Hier soir, une cinquantaine de tribunaux avaient décidé de suivre le mot d'ordre de suspension des audiences non urgentes lancé par les syndicats de magistrats.
Des juridictions, comme Rennes, Bayonne ou Besançon avaient décidé dès vendredi d'entrer dans le mouvement.
La plupart, tels Lyon, Bordeaux ou Metz, ont décidé hier, lors d'assemblées générales de magistrats, de rejoindre la
contestation.
Plus de cent AG au total sont programmées d'ici la fin de la semaine, signe d'une “ mobilisation sans précédent ”, selon Virginie Valton, vice-présidente de l'Union syndicale des magistrats (USM). Même la Cour de cassation a prévu de s'exprimer.
Et dans certains palais de justice qui n'ont pas encore voté, comme au tribunal pour enfants de Bobigny, le premier de France, à Strasbourg ou Clermont-Ferrand, l'activité tourne déjà au ralenti.
La journée de jeudi devrait être le point d'orgue de la mobilisation avec une manifestation nationale prévue à Nantes et des rassemblements dans les régions.
Le suivi du cas Meilhon
_ Me Olivier Metzner, le nouvel avocat de la famille biologique de la jeune fille disparue près de Pornic, a déclaré qu'un mandat d'arrêt avait été émis, vers la mi-décembre, à l'encontre de Tony Meilhon dans le cadre d'une affaire de trafic de voitures volées mais n'avait pas été exécuté.
"Je n'ai pas à ce jour connaissance d'un mandat d'arrêt émis par un juge de l'Est ou d'ailleurs", a aussitôt répondu le procureur de la République de Nantes, Xavier Ronsin, en évoquant une possible "mauvaise interprétation" de l'avocat.
Il a assuré qu'“aucune mention de mandat d'arrêt” ne figurait au casier de Tony Meilhon, alors que "tout mandat d'arrêt doit obligatoirement y figurer".
_ La justice s'intéressait bien à Meilhon dans le cadre d'une affaire de voiture volée, mais il ne faisait l'objet que d'un mandat de " recherche", a-t-il souligné.
_ Une "enquête menée par l'Inspection générale de la gendarmerie " sur ce volet de l'affaire "a conclu qu'il n'y avait
rien à reprocher aux gendarmes".
Mikaël Roparz, avec agences
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