La France intercepte du matériel de police acheté par le régime de Ben Ali
Réactualisé ce jeudi à 7h00
Le matériel était déjà bord de l'avion, en partance pour la Tunisie, quand les douaniers français de Roissy ont débarqué et immobilisé l'appareil. Le ministre du Budget, François Baroin, qui a la tutelle des douanes, a confirmé ce mercredi midi les informations révélées par le site blog du journaliste Jean-Dominique Merchet, de Marianne2.fr.
L'affaire s'est déroulée vendredi dernier, alors que le régime de Zine Ben Ali était sur le point de tomber. Il s'agissait d'une cargaison de matériel destiné à la police tunisienne. En l'occurrence, des grenades lacrymogènes, des gilets pare-balles et des équipements divers : tout le kit du parfait maintient de l'ordre. Ce matériel avait été commandé à une entreprise française, la Sofexi, en renfort par le gouvernement tunisien de l'époque, afin de réprimer les émeutes qui se déroulaient depuis la mi-décembre.
Pour quelles raisons la douane a-t-elle procédé à cette interception ? La réponse est peu claire. Et François Baroin n'a pas contribué à l'éclairer. Questionné sur le donneur d'ordre, il botte en touche. Un flou qui permet de laisser entendre que le gouvernement français n'a pas fait preuve de complaisance à l'égard du régime de Ben Ali, puisqu'il a bloqué son matériel de répression. En pleine polémique sur les propositions de coopération policière lancées par Michèle Alliot-Marie dans l'hémicycle, c'est toujours bon à prendre.
Pourtant, les douanes sont formelles : elles n'ont fait que leur travail, et ont ainsi permis de stopper à temps l'avion. Et elles n'ont averti les autorités gouvernementales que le lundi suivant.
Le site d'information Rue89 croit savoir que la cause profonde de ce blocage n'est pas politique, mais technico-administrative : ce type de matériel doit systématiquement être inspecté par la douane. Et cette fois, il serait parti dans l'avion avant l'inspection. Les douaniers auraient alors demandé son retour afin d'y procéder. Sur ce, le régime de ben Ali s'est effondré.
Par ailleurs, le ministre est également resté flou sur le caractère habituel de ces commandes. François Baroin affirme qu'il n'y a pas eu d'autre commande à sa connaissance. Sans préciser si l'entreprise française était le fournisseur habituel du gouvernement tunisien, ce qui, jusqu'au tout dernier moment n'aurait alors posé aucun problème.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.