La fin de la garde à vue "à la française" : les syndicats de police "affligés"
"La réforme s'applique dès à présent" a confirmé aujourd'hui le ministre de la Justice, Michel Mercier, qui a annoncé avoir donné instruction aux parquets d'appliquer "sans délai" la réforme de la garde à vue, sans attendre le 1er juin.
Les syndicats de police "affligés" par cette décision
Aussitôt, plusieurs syndicats de policiers, qui étaient déjà hostiles
au principe même de la réforme de la garde à vue, ont annoncé craindre une désorganisation monstre pendant plusieurs semaines dans les commissariats, affirmant qu'en l'état, les locaux ne sont pas adaptés.
Alliance, Synergie Officiers et le Syndicat indépendant des commissaires de police, se déclarent "affligés" et prévoient " une mise en œuvre chaotique ". "Ni les policiers, ni les magistrats, ni les avocats ne sont prêts pour la mise en place de ce dispositif", estiment-ils dans un communiqué commun.
Des avocats "prêts à faire face"
Dans un communiqué, l'Ordre des avocats de Paris a de son côté "souligné que l'application immédiate d'une garde à vue modernisée et plus respectueuse des libertés est à la fois un progrès, dont il faut se féliciter, et une difficulté technique que les barreaux doivent assumer dans l'urgence".
C'est "un arrêt très important non seulement pour la garde à vue
mais aussi pour l'application de la Convention européenne des droits de l'Homme" , ajoute Hélène Masse-Dessen, du Syndicat des avocats de France.
"C'est une hypothèse que nous avions anticipée" , a affirmé de son côté le vice-bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris, Jean Yves Le Borgne. "Nous aurons les équipes de volontaires nécessaires pour assister les gardés à vue", a-t-il ajouté.
Un "hic" cependant au sein de la profession : la rémunération des avocats pour les gardes à vue. En effet, qu'ils se déplacent pour une heure, trois ou même, vingt-quatre heures, ils seront rémunérés, dans tous ces cas de figure, 300 euros. Pour Pascale Taelman, présidente du Syndicat des Avocats de France, les tarifs annoncés "restent indigents " et il y aura effectivement des difficultés d'application. "Mais ça fait des années que c'était prévisible", ajoute-t-elle.
Le Conseil National des Barreaux appelle les avocats à manifester le 4 mai prochain à Paris.
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