La défense du "gang des barbares" se rebelle
La déclaration commune arrive une semaine trop tard. Elle est signée par une vingtaine d'avocats qui demandent à Michèle Alliot-Marie de renoncer à l'appel qu'elle a suscité , dans ce dossier vu comme emblématique de l'antisémitisme et de la violence en banlieue.
"Nous demandons au garde des Sceaux d'ordonner au parquet général de retirer son appel", a lu cet après-midi devant la presse Me Didier Seban. Mais le défenseur de l'un des complices de Youssouf Fofana va plus loin et met en cause directement Francis Szpiner, avocat de la famille d'Ilan Halimi.
L'avocat de la famille Halimi en ligne de mire
"Comment admettre qu'au moment où la cour se retirait pour délibérer, Me Francis Szpiner ait annoncé que, quel que soit le verdict, il obtiendrait du garde des Sceaux un appel ? ", a-t-il demandé.
Francis Szpiner, candidat UMP aux élections législatives de 2002, avait expliqué après le verdict qu'il souhaitait un appel car, selon lui, le procès à huis clos n'avait pas eu les vertus pédagogiques souhaitables et parce que les peines étaient trop clémentes.
Trois jours plus tard, sur consigne de Michèle Alliot-Marie, le parquet général faisait appel pour 18 peines allant de six mois de prison avec sursis à 18 ans de réclusion, pour certaines conformes aux demandes de l'accusation à l'audience, inférieures d'un ou deux ans pour le reste et de cinq ans pour l'une d'entre elles.
Une cour d'assises d'appel "convoquée sur ordre politique"
Les avocats de la défense estiment que le pouvoir politique s'est ingéré dans le traitement d'un dossier judiciaire où, soulignent-ils, le magistrat de l'accusation au procès, Philippe Bilger, jugeait le verdict "exemplaire". Pour eux, "cet appel (touche) à l'indépendance de la justice, au respect dû aux décisions rendues par les cours d'assises".
Au nom du Syndicat de la magistrature, Serge Portelli a de son côté affirmé qu'il était "évident que le parquet général n'avait pas l'intention de relever appel de ce jugement". Le magistrat a qualifié de "dérive" le fait "que la partie civile demande à l'autorité politique de faire appel à sa place".
Anne Jocteur Monrozier, avec agences
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