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L'énigme de Jack l'Eventreur résolue ?

Un détective affirme avoir résolu le mystère de l'identité de Jack l'Éventreur. Il s'agirait d'Aaron Kosminski, un coiffeur polonais. Russell Edwards se base sur des analyses ADN.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
  (Aaron Kosminski, soupçonné d'être Jack l'Éventreur  © Capture d'écran youtube)

C'est l'une des énigmes criminelles les plus anciennes. Cela fait 126 ans que le mystère de Jack l'Eventreur perdure et des générations d'experts s'y sont cassés les dents. Mais voilà qu'un homme d'affaires britannique affirme avoir identifié le tueur en série le plus célèbre de l'histoire, grâce à des tests ADN.

 

Russell Edwards, qui a mené l'enquête pendant plus de trois ans, lui en tout cas en est convaincu, Jack l'Éventreur s'appelle Aaron Kosminski, c'est un coiffeur de 23 ans, un Polonais arrivé à Londres avec sa famille en 1881, il avait alors 16 ans. Cet homme, qui vivait près des lieux des crimes, n'est pas un inconnu pour la police: Aaron Kosminski était sur la liste des principaux suspects.

 

"Il y avait un témoin oculaire. Il a été vu en train de parler à la première victime, quelques minutes avant qu'on la retrouve, la gorge tranchée. Mais le témoin s'est rétracté. Donc, sans aveu et sans témoignage, la police n'a pas pu l'arrête", explique Russel Edwards qui poursuit :

 

"Peu de temps après les meurtres, il a été interné dans un hôpital psychiatrique. Il était connu pour être mysogine, il détestait les femmes. Et il est mort dans cet asile, en 1919, à l'âge de 54 ans."

Un châle analysé

Comme Aaron Kosminski, des dizaines de personnes ont été soupçonnées, un prince, un chirurgien, un marin, un ancien Premier ministre, et même une femme... Jack l'Éventreur a fait l'objet de tous les fantasmes, toutes les spéculations et depuis des années, des décennies même, l'affaire intrigue, passionne, les détectives de tout poil.

Et pour résoudre ce mystère, Russel Edwards est parti d'un vieux châle, qu'il a acheté en 2007, lors d'une vente aux enchères. Ce châle, il aurait été trouvé en 1888, à proximité du corps de la quatrième victime de Jack l'éventreur, et n'aurait depuis jamais été lavé.

Un biologiste a expertisé le châle, il a prélevé des empreintes génétiques. Ces empreintes ont été comparées à l'ADN d'Aaron Kosminski. La correspondance était parfaite. Ce qui prouve la présence d'Aaron Kosminski sur le lieu du crime affirme Jari Louhelainen qui a réalisé les expertises génétiques.

 

"Le mode opératoire de Jack l'éventreur était le suivant: à chaque fois, il abandonnait des fluides biologiques, et on en a recueilli sur le châle. Et je les ai repérés en utilisant une lampe à infrarouge. On a trouvé quelques cellules, qui n'étaient pas très bien conservées. Cela n'est pas inhabituel de retrouver de l'ADN encore exploitable après une si longue période, parce qu'on peut par exemple trouver de l'ADN de mammouth. Bien sûr, l'ADN est dégradé, mais on a quelques méthodes pour surmonter la défragmentation de l'ADN. Nous avons trouvé les deux ADN sur le châle. Pour le suspect, l'ADN correspond à 99,2% et pour la victime, à 100%. "

 

Et pour ceux qui ont été à l'origine des recherches, aucun doute, 126 ans plus tard, l'énigme est résolue. Jack l'Eventreur s'appelle Aaron Kosminsky.

Les familles soulagées

Pour les familles de victimes, la nouvelle est importante. Une femme en particulier, s'est principalement intéressée à cette affaire, depuis de nombreuses années. Elle s'appelle Karen Miller, elle vit à Londres. Et c'est l'arrière-arrière-arrière-petite-fille de Catherine Eddowes, la 4e victime de Jack l'Eventreur. C'est elle également qui a accepté de donner son ADN pour que le biologiste puisse faire la comparaison avec les tissus retrouvés sur le châle. 

 

"Je n'aurai jamais pensé que l'on puisse résoudre cette affaire, parce que cela fait quand-même 126 ans. Je ne pensais pas qu'on puisse exploiter de l'ADN si longtemps après. Donc, ça a été un choc et une surprise. Pour moi, c'est important, parce que le mystère se dissipe, on met un nom sur le meurtrier et cela humanise les victimes."

Des preuves pas forcemment convaincantes 

La légende de Jack l'Éventreur continue à fasciner. Tous les soirs, à 19h, dans le quartier de Whitechappel, 50 à 100 touristes en quête de frissons se pressent pour découvrir le quartier de Jack l'Eventreur. Richard, passionné par l'affaire depuis qu'il a 12 ans, guide les visiteurs. C'est un incontournable, affirme-t-il, comme Big Ben ou Buckingham Palace. Mais pour lui, le détective n'apporte aucune nouvelle preuve dans cette affaire.

 

"Le châle a déjà été analysé à deux reprises, il a été manipulé par des proches de victimes, toutes ces dernières années. Donc, bien sûr que vous allez trouver de l'ADN des familles.  En plus, les analyses n'ont pas eu lieu dans les règles de l'art, comme ont été réalisés les tests génétiques sur Richard 3, par exemple, quand on a découvert ses ossements. Il faut des preuves concrètes. Si je me présente demain, devant un juge, avec ce châle, l'affaire sera immédiatement rejetée. Pas coupable. Circulez. Terminé."

 

Et pour Richard, la liste des suspects est longue. Aaron Kosminski n'est d'ailleurs pas le premier à être désigné comme le coupable. Peut-être le véritable Jack l'Eventreur figure-t-il dans la liste des principaux suspects. Peut-être, peut-être pas... Richard préfère laisser le doute planer, c'est sans doute mieux pour la légende… et pour les affaires. 

 

 

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