L'appel au secours d'un père dont la fille a -sans doute - été enlevée par sa mère
Ce vendredi là, comme
toutes les semaines, Vincent Gervais va chercher Clémence à l'école. C'est son
tour de garde. Un vendredi ordinaire, à ceci près que quelques jours plus tôt,
il y a eu l'audience pour le divorce et la garde de l'enfant. Or ce vendredi-là, la fillette n'est pas là. Cela fait trois jours qu'elle est absente. Sa
mère a excusé son absence, en la prétendant souffrante.
"J'ai tout de suite
compris" , dit Vincent Gervain. "J'ai su qu'elle l'avait
enlevé" . Il se précipite au domicile de son ex-femme. L'appartement est
fermé. La voiture n'est plus là. Le père file alors au commissariat. On ne le
laissera d'abord que déposer une main courante.
Une instruction finit par
être ouverte. L'enquête est d'abord confiée à la police judiciaire de Nanterre.
L'attente commence et le sentiment d'impuissance grandit. Fusillade,
homicide : au père désemparé, la police semble avoir toujours mieux
affaire que de s'occuper de son dossier. "Pendant trois mois et demi, il
ne s'est rien passé" , déplore-t-il. Vincent Gervais décide alors de mener
sa propre enquête. "J'ai arrêté de travailler, je suis allé en Suisse, en
Pologne" , raconte-t-il. Il a même engagé un détective privé, qui a tenté
de l'arnaquer.
"Aujourd'hui, je ne
sais pas si ma fille est vivante ou morte" , confie le père. Depuis
quelques temps, sa femme semble verser dans l'ésotérisme. Elle passe son temps
à l'église, multiplie les appels à des voyants, et des prêtres exorcistes. Dans
une lettre elle écrit : "je suis en lutte continuelle avec des
forces qui me poussent à me détruire."
"Je ferai tout pour la retrouver" (le père)
L'avocat de la jeune femme,
Alain Abitan, tempère. Il décrit une femme certes angoissée par son divorce,
mais plutôt posée, "une femme qui présente bien, qui vivait à Boulogne,
manteau en cachemire l'hiver, BCBG entre guillemets. Il y a eu une longue
instruction, tout le monde est passé à côté" . Il n'en est pas moins
furieux contre sa cliente. "C'est la première fois en 25 ans que je vois
une de mes clientes disparaître en ne me donnant aucune nouvelle" ,
constate Me Abitan, qui avoue n'avoir "jamais senti que l'enfant pouvait
être en danger avec sa mère" .
Vincent
Gervais, lui, est fatigué. Fatigué de se battre seul. Fatigué qu'on n'entende
pas sa douleur de père : "Ce n'est pas parce qu'un père n'a pas
porté son enfant dans son ventre qu'il ne l'aime pas autant que sa mère, et
qu'il ne peut pas s'en occuper aussi bien voire peut-être mieux. Je suis
persuadé que si c'est moi qui avait enlevé mon enfant, on aurait déployé
beaucoup plus de moyens pour retrouver ma fille" , soupire-t-il.
Vincent
Gervais lance aujourd'hui un appel à toute personne qui pourrait avoir vu la
femme et l'enfant. A l'intention la petite Clémence, il ajoute: "je veux lui
dire que je l'aime terriblement, qu'elle ne doit pas s'inquiéter, et que je
ferai tout pour la retrouver."
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