Kerviel, un "génie malfaisant" pour Daniel Bouton, l'ex-PDG de la Société Générale
Daniel Bouton a expliqué que les positions sur des indices boursiers européens à hauteur de 50 milliards d'euros prises par le trader ne pouvaient avoir été approuvées par sa hiérarchie.
“Cinquante milliards c'est monstrueux. Ce n'est pas le métier d'une banque de jouer son destin sur la hausse ou la baisse des bourses. Ce point m'empêche totalement de croire une seconde qu'un des supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel savait”, a-t-il dit.
Il s'est tourné vers Kerviel assis derrière lui, qui restait silencieux: “Je suis désolé, mon cher”.
_ L'ancien dirigeant a ensuite poursuivi sa démonstration en soulignant que Jérôme Kerviel n'a rien dévoilé lors du week-end où il était interrogé sur ses positions.
“Le trader dissimulateur a continué à mentir ou à dissimuler. Il ne nous a pas aidés”, a-t-il dit. Il a aussi fait remarquer qu'auparavant, dans les derniers temps où il se savait découvert, Jérôme Kerviel a continué à augmenter ses positions.
Il dit alors au courtier Moussa Bakir qu'il est “foutu”, a rappelé Daniel Bouton. “De la main gauche, il sait qu'il est en train d'être pris. De la main droite, il clique pour augmenter une position qu'il sait être potentiellement mortelle pour la banque. Pourquoi ? Je n'ai toujours pas compris”, a-t-il dit.
Parlant de “fraudeur”, il a toutefois reconnu qu'il y avait des problèmes dans la banque. “J'ai compris très vite qu'il y avait eu un défaut dans le contrôle”.
Un "génie malfaisant"
“Le génie malfaisant peut-être, mais génie quand même, a été d'inventer une activité complètement hors mandat,” a-t-il estimé toutefois. Selon lui, les actions de Jérôme Kerviel étaient donc exclues dans le métier quotidien de la banque.
_ Jérôme Kerviel admet en effet avoir passé des ordres fictifs pour laisser croire qu'il protégeait des positions massives prises sur des contrats à terme.
Daniel Bouton a par ailleurs expliqué qu'au moment de cette crise, finalement réglée par une augmentation de capital, il a “craqué” et a été hospitalisé.
C'est sous la pression de l'Elysée qu'il est finalement parti en 2009. Il dirige aujourd'hui une société de conseil.
Au départ, il avait écrit à ce tribunal pour expliquer qu'il ne jugeait pas utile de déposer, mais les juges ont ordonné sa convocation la semaine dernière.
Quand il a découvert la fraude, alors même que les positions de Jérôme Kerviel étaient encore créditrices de 1,4 milliard d'euros, Daniel Bouton a dit qu'il était désemparé:“C'est une catastrophe. Y'a pas de question de perte, de montants. Ça veut dire que la confiance qui doit exister entre nous est rompue”.
_ La défense conteste que la situation provoquée par Jérôme Kerviel ait été si catastrophique et souligne que la SocGen avait aussi 35 milliards d'euros engagés dans les produits liés aux “subprimes” au moment de l'affaire Kerviel, un problème qui
n'est pas présenté comme une fraude.
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