Karachi : le juge d'instruction écrit à Alain Juppé
Actualisé à 16h30
La première demande du juge Marc Trévidic date du 5 mai 2010.
_ A ce jour, il n'a obtenu aucune réponse. Et la commission consultative chargée de se prononcer sur la déclassification n'a toujours pas été saisie, alors que le "délai habituel est de deux mois", précise-t-on de source judiciaire.
Ce matin, le juge Trévidic, qui enquête sur l'attentat, a donc écrit au nouveau ministre de la Défense, Alain Juppé, pour réitérer sa demande.
_ Dans cette lettre, le juge rappelle qu'il n'a pas obtenu les documents classés "secret défense" qu'il réclame depuis de nombreux mois : des résultats d'enquêtes administratives sur le versement des commissions, et un rapport de Dominique Castellan, un dirigeant de la DCN, sur l'arrêt du versement des commissions.
Ce week-end, le président Nicolas Sarkozy a indiqué que tous les documents seraient communiqués à la justice "en temps et en heure" . Il précisait qu'à ce jour, "pas un document n'a été refusé".
_ Ce qui ne semble pas être l'avis du juge d'instruction Marc Trévidic.
Rétrocommissions
Plusieurs déclarations, ces derniers jours, sont venues renforcer la piste d'une vengeance après l'arrêt du versement de commissions occultes.
Des témoins clés - dont l'ancien ministre de la Défense Charles Millon - sont venus confirmer que, tout juste élu en 1995, le chef de l'Etat avait demandé de mettre fin aux contrats pouvant donner lieu à des rétro-commissions, dont celui des ventes de sous-marins.
_ La justice s'interroge sur un possible financement illégal par ces sommes d'argent, de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, ennemi politique de Jacques Chirac en 1995. Nicolas Sarkozy était, à l'époque, le porte-parole de campagne d'Edouard Balladur.
Selon son avocat Me Olivier Metzner, Dominique de Villepin devrait être entendu par le juge "dans la semaine". L'ancien secrétaire général de l'Elysée sous Jacques Chirac avait fait part vendredi de ses "très forts soupçons de rétrocommissions" en 1995. "M. de Villepin n'a aucunement modifié sa position à ce sujet", précise ce matin son avocat.
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Quant au juge Van Ruymbeke, qui instruit l'un des volets de l'enquête, il s'est vu refuser aujourd'hui par François Fillon l'autorisation de perquisitionner les locaux de la DGSE (les services secrets français).
L'attentat suicide de Karachi avait fait, en 2002, 15 morts dont 11 salariés français de la Direction des chantiers navals (DCN) de Saint-Nazaire, qui travaillaient au Pakistan à la construction de sous-marins vendus par Paris.
Elodie Guéguen, Gilles Halais
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