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Procès du meurtre d'Alexandre Junca : malgré les accusations, un accusé nie l'avoir démembré

Le septuagénaire Claude Ducos a nié toute participation au meurtre du collégien de 13 ans tué en 2011 à Pau.

Article rédigé par franceinfo - Violaine Jaussent avec AFP
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Claude Ducos, au centre, pose avec ses avocats, le 8 juin 2016 à Pau (Pyrénées-Atlantiques). (IROZ GAIZKA / AFP)

Des larmes et des silences. C'est dans cette atmosphère pesante que s'est ouvert, mardi 7 juin, le procès du meurtre d'Alexandre Junca (que suit France 3 Aquitaine). Ce collégien de 13 ans a été tué en 2011 à Pau puis démembré après une tentative de vol de portable. Quatre accusés comparaissent jusqu'au 16 juin devant la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques.

Les deux principaux sont Mickaël Baehrel, 30 ans, et Christophe Camy, 28 ans, jugés pour "vol avec violences ayant entraîné la mort", qui risquent la réclusion à perpétuité. A leurs côtés, un retraité de 76 ans, Claude Ducos, est soupçonné d'avoir aidé à faire disparaître le corps de l'adolescent. Il encourt trois ans de prison, comme Fatima Ennajah, 50 ans, ex-compagne de Mickaël Baehrel qui répond de "recel de cadavre" et "non-dénonciation de crime".

"C'est absolument faux !"

Alors que le principal accusé a reconnu avoir frappé le collégien, dès le premier jour du procès, Claude Ducos a nié en bloc toute participation à ce crime, mercredi. L'ouvrier retraité comparaît libre. Il est soupçonné d'avoir aidé Mickaël Baehrel, son amant occasionnel à qui il donnait de l'argent, des cigarettes et de la nourriture en échange de fellations, à faire disparaître le corps de la victime en le découpant. "C'est absolument faux !" s'est-il exclamé.

Pourtant, Mickaël Baehrel a assuré que Claude Ducos, appelé au secours, était venu dès le lendemain avec sa voiture pour emporter le cadavre. Quelques jours plus tard, il reviendra le chercher, l'emmenant vers la rivière de Pau "pour aller cacher le corps, en morceaux, dans des sacs plastiques". "Je ne savais pas qu'il l'avait démembré", a affirmé Mickaël Baehrel.

Le président François Bobille s'est acharné à souligner ses incohérences et contradictions.

Plutôt alerte, Claude Ducos s'est présenté comme un "homme de principe, de morale".

"Honte d'avoir porté atteinte à un cadavre"

Face à ces accusations et aux questions pressantes, Claude Ducos s'est muré dans un déni systématique. A trois reprises, il a trouvé des explications et répondu du tac au tac. Son portable et celui de Mickaël Baerhel ont notamment été localisés à des endroits correspondant à l'affaire. Il n'a pas hésité à répondre : "On passait par là."

Pourquoi avoir mis à la casse la voiture qui aurait servi à transporter le cadavre, puis racheté exactement le même modèle pour l'équiper des plaques de la précédente ?

"Chasseur depuis toujours", comme l'a noté le président, Claude Ducos a affirmé pourtant n'avoir jamais éviscéré ou découpé du gibier, et a même dit ignorer pourquoi on procèdait de la sorte.

Mickaël Baehrel, qui encourt la réclusion à perpétuité, s'est alors levé et a maintenu clairement ses accusations. "Il ne reconnaît pas car il a honte d'avoir porté atteinte à un cadavre", a-t-il asséné. De fait, Claude Ducos a assuré peu après que découper un enfant, "c’est pas pensable, c'est affreux". Pour les parents d'Alexandre Junca, c'est trop : excédés par ces propos, ils ont quitté la salle.

Une défense mise à mal par les enquêteurs

Mercredi après-midi, un des enquêteurs, appelé à la barre, a relevé à son tour les contradictions dans les dénégations du retraité. Si l'autopsie a mis en évidence des "coups portés à la face d'une violence inouïe" avec un marteau par Baehrel, elle a aussi dévoilé que le corps avait été "découpé avec méthode par un individu connaissant la pratique", a expliqué le commissaire Patrick Léonard, en retraçant le déroulement d'une enquête "hors norme".

Et, dans ses aveux, Mickaël Baerhel a précisé par où les deux hommes étaient passés le lendemain du meurtre, a rappelé le policier. Une information que "la borne [téléphonique] confirme". "Je ne connais pas cette route", a toutefois répété le septuagénaire, sans jamais un regard pour les parents et la sœur d'Alexandre. Le père, Philippe Junca, a affirmé à France 3 Aquitaine que "sa crédibilité est mise à mal". Les proches réclamaient pourtant "la vérité" à Claude Ducos au premier jour du procès, prévu pour s'achever le 16 juin.

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