Pas d'internet aux audiences dans le futur palais de justice de Paris
La Direction des services judiciaires annonce que les communications internet seront brouillées dans les salles d'audience du nouveau tribunal. La presse judiciaire dénonce la remise en cause d'un outil de travail précieux pour couvrir les procès.
Pas de gazouillis pendant les procès. Alors que la première pierre du futur tribunal de grande instance de Paris a été posée, un document officiel révèle qu'il sera interdit de se connecter à internet dans les salles d'audience. "Il n'y aura pas de places réservées pour les journalistes dans les salles d'audience, et l'internet en sera tout simplement banni, ainsi que les téléphones portables", ont indiqué les services du ministère de la Justice, cités par le journaliste Thierry Lévêque sur son blog, samedi 9 mai.
"Fini les live-tweet ou live-blogging"
Cette décision provoque l'émoi de la presse spécialisée, désormais habituée à retranscrire le contenu des audiences en direct. "Fini les live-tweet ou live-blogging qui, rappelons-le, ne sont pas interdits par les textes", dénonce ainsi l'Association de la presse judiciaire, à qui la Direction des services judiciaires (DSJ) a transmis un courrier succinct. "Et aucun de nos interlocuteurs n'a été en mesure de nous dire qui était à l'origine de cette demande."
"Le programme prévoit d'ailleurs un brouillage des salles d'audience", explique par ailleurs le document reçu par la presse judiciaire. Selon ce journaliste, cette décision est motivée par un souci de "sécurité" et de "sûreté". Thierry Lévêque voit là la fin d'une "parenthèse enchantée, entre l'apparition des smartphones et de la 3G dans le milieu des années 2000 jusqu'en 2017, date de la mise en service de la tour Piano [du nom de l'architecte en charge du projet]". Ces inquiétudes sont partagées par plusieurs confrères, dont Jean-Philippe Deniau, de France Inter.
#PresseJudiciaire Système de brouillage dans les salles d'audience du futur TGI de Paris. Adieu tweets et live-blogging.@ChTaubira
— jean philippe deniau (@jpdeniau) 11 Mai 2015
Certains avocats font également part de leur colère
L'incompréhension gagne également les rangs des avocats. "La publicité est un principe fondamental du fonctionnement de la justice. Il est même consacré par l’article 6-1 de la Convention européenne des droits de l’homme", souligne Delphine Meillet, dans une tribune publiée sur Le Plus. Selon elle, "prendre une telle mesure serait le trahir". D'autres rappellent enfin qu'une connexion est aujourd'hui utile pour plaider des dossiers.
On aura l'air malin, dans le futur palais, à défendre sans internet des clients détenus qui ont des téléphones dans leur cellule.
— Maitre Eolas ✏️ (@Maitre_Eolas) 11 Mai 2015
Ces nouvelles contraintes sont toutefois limitées aux salles d'audience. Les journalistes pourront donc se rendre en salle de presse pour envoyer leurs articles. Le bâtonnier de Paris devrait prochainement réagir sur la question, alors que la livraison du nouveau TGI est fixée au 30 juin 2017, avec une mise en service envisagée au dernier trimestre de la même année. Il reste encore un peu de temps pour trouver du réseau.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.