Lettres de menaces, bombes et "mon gros loup" : l'affaire du groupe AZF devant la justice à Paris
"Les 10 000 agents de la SNCF ont fini d'inspecter les 32 000 kilomètres de voies ferrées françaises sans avoir trouvé aucune trace de bombe", annonce une journaliste en mars 2004. En cause : neuf lettres de menace qui s'empilent depuis deux mois sur les bureaux de l'Élysée. Elles sont signées AZF, un groupe qui se définit comme "terroriste" et affirme avoir caché neuf bombes sous des rails de train. Vingt ans plus tard, ce mardi 13 février, un homme de 76 ans et une femme de 61 ans comparaissent devant le tribunal correctionnel de Paris pour association de malfaiteurs, infraction à la législation sur les explosifs et menaces de destruction.
Fin 2003 et début 2004, le groupe AZF demande une rançon pour que ses bombes n'explosent pas : 4 millions de dollars et 1 million d'euros à livrer en petites coupures par hélicoptère depuis le toit de la Tour Montparnasse, à Paris. Au début, les autorités prennent ces menaces pour des délires fantaisistes. Mais très vite, le ministère de l'Intérieur prend peur parce que, début 2004, deux engins explosifs très sophistiqués sont retrouvés cachés sous des rails.
Des échanges dans les petites annonces
Le ministère de l'Intérieur décide alors d'entrer en négociation avec AZF via les petites annonces du journal Libération avec des noms de code : "Suzy" pour le ministère et "mon gros loup" pour AZF. Pendant plusieurs semaines, les deux échangent des messages cryptés pour organiser la livraison de la rançon, mais l'affaire va vite s'ébruiter jusqu'à obliger Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, à prendre la parole. "Au moment où je parle, nous ne savons rien de ce groupe, mais nous prenons la menace au sérieux, l'ensemble des services de police et de gendarmerie sont mobilisés à chaque instant sur cette affaire", affirmait-il. Quelques jours plus tard, AZF annonce dans une dernière lettre la suspension de ses activités et ne donne plus jamais signe de vie.
"Mon gros loup" disparaît donc jusqu'en 2018, où deux personnes sont arrêtées après une dénonciation. Derrière le pseudo-groupe terroriste se cachaient en fait un patron d'entreprise en faillite et l'une de ses employées. Cette dernière a été dénoncée aux gendarmes par un ancien amant. Très vite, le duo reconnaît être derrière AZF, mais il affirme que son but était seulement d'empocher la rançon. Un chantage qui n'avait, selon le chef d'entreprise, jamais eu pour but de "faire des morts".
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