Justice : Madame Agnès fait trembler le gratin bordelais
Voilà un procès qui risque d’être suivi de très près par une partie de la population bordelaise : d'un côté ceux qui ont peur que leur nom soit cité à l'audience et de l'autre ceux qui sont avides de commérages. Car la liste des anciens clients d'Agnès Prioleau dite Madame Agnès est longue. Au total une centaine de personnes auraient fait appel ou participé aux soirées organisées par l’ancienne miss Aquitaine. Et parmi elles figurent des chefs d’entreprises, des personnalités locales fortunées et huit footballeurs des Girondins de Bordeaux dont trois font encore partie du club aujourd’hui. Une trentaine de clients ont déjà été auditionnés pendant l’enquête.
Peut-on parler d’un "réseau" de prostitution de luxe ? C’est autour de cette question que va s’articuler le procès. Madame Agnès comparaît aujourd’hui devant le tribunal correctionnel de Bordeaux pour avoir "tiré profit" de plusieurs jeunes femmes, recrutées pour travailler à ses côtés. Son avocat parle de rémunérations séparées, indépendantes, mais l’enquête a montré que les "petites mains" de Madame Agnès ne touchaient que 50 à 100 euros la passe lorsque cette dernière touchait plus de 2.000 euros.
Agée de 36 ans, Madame Agnès a semble-t-il arrêté ces activités depuis son interpellation, c’est-à-dire depuis deux ans. Son compagnon est également poursuivi pour proxénétisme. Le couple a récemment fait l’objet d’un contrôle fiscal, ses revenus déclarés contrastant fortement avec son train de vie. En 2004, les revenus moyens de Madame Agnès ont atteint 12.000 euros par mois. En quatre ans, son patrimoine immobilier et financier s’est considérablement étoffé.
Pendant le procès, la défense devrait s’appuyer sur le parcours de la jeune femme : adolescence marquée par un viol, à l’âge de 15 ans. Adepte des concours de beauté, Agnès pénètre rapidement dans le monde de la mode et de la nuit. Sans avoir jamais réellement été dans le besoin, elle s’initie au strip-tease et rencontre peu à peu ceux qui constitueront ses futurs clients. Des clients attirés par la discrétion de la jeune femme. Pour justifier ses actes, Madame Agnès devra cependant briser le silence.
Le ministère public a requis 12 mois de prison dont quatre ferme à son encontre. Le jugement doit être mis en délibéré.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.