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Un buraliste parisien accuse le PMU de lui avoir volé son plus gros parieur

Le client pouvait miser jusqu'à 100 000 euros par jour et garantissait la quasi-totalité du chiffre d’affaires de son bar, le Deauville flyer. La justice a été saisie.

Article rédigé par franceinfo
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La devanture d'un PMU City, à Paris, le 13 février 2019.  (MATHIEU MENARD / HANS LUCAS / AFP)

C'est l'histoire d'un long bras de fer entre un buraliste parisien et le géant PMU, dévoilée par Le Parisien, dimanche 11 août. En 2004, Rodolphe Benat ouvre le bar PMU Deauville flyer dans le 6e arrondissement de Paris et, rapidement, l'un des plus gros parieurs de France vient y miser. L'idylle dure une dizaine d'années. Le turfiste, décrit par Le Parisien comme un professionnel du droit avec beaucoup de moyens, joue gros. Parfois jusqu'à 100 000 euros par jour. Les commissions liées à ces mises alimentent le chiffre d'affaires du bar PMU, jusqu'à en représenter 95%. "On avait des rapports très cordiaux, car c'est quelqu'un de très honnête", raconte le buraliste à franceinfo.

Mais en 2015, le parieur et ses pertes finissent par attirer les radars du PMU et de la banque du client, qui tique sur les montants des chèques signés. L'habitué du Deauville flyer est alors enjoint par la société turfiste de se munir d'une carte PMU, qui doit être approvisionnée en amont par carte bancaire ou virement, afin de pouvoir miser. Le buraliste explique que, peu à peu, l'homme est aussi incité à parier en ligne sur le site Allopari. "Au bout d'un moment, le PMU m'a dit 'on va vous racheter le client'", assure Rodolphe Benat. S'il continue dans un premier temps ses paris au Deauville flyer, le joueur, lassé de toute cette affaire, finit par les arrêter.

"Captation abusive de client"

C'est pour cette "captation abusive et sans indemnisation de client" que le PMU a été assigné au civil en novembre dernier, indique à franceinfo maître Charles Morel, l'un des avocats du buraliste. "Sans indemnisation" car le PMU, qui a proposé au gérant du "Deauville flyer" un dédommagement en échange du transfert de la gestion du parieur, ne l'a jamais honoré. "En 2018, on a fini par me proposer de reprendre un autre point de vente mais il fallait que je réinvestisse. J'ai refusé", lance Rodolphe Benat, un brin agacé.

De plus, le buraliste accuse le PMU d'avoir profité de la situation en favorisant l'endettement du joueur en le laissant parier à crédit. Avec pour preuve une lettre envoyée en avril 2017 par le directeur de l'agence parisienne du PMU à Rodolphe Benat – dont franceinfo a pu consulter un extrait – dans laquelle l'entreprise de paris reconnaîtrait que le parieur lui doit plus de 200 000 euros, selon l'interprétation du buraliste. Ce dernier a ainsi attaqué le PMU au pénal au début de l'année 2019, avec le dépôt d'une citation directe devant le tribunal correctionnel pour "exercice illégal de la profession de banquier".

Rodolphe Benat, désormais proche de la retraite, souffle finalement : "Le bar est en train de couler, j'ai viré deux employés l'année dernière. Je cherche à vendre, mais la boutique ne vaut plus rien." De son côté, contacté par Le Parisien, le PMU n'a pas souhaité réagir, invoquant "une affaire en cours".

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