Jérôme Kerviel ? Un "pion" selon ses avocats
C'est un “consultant” aux revenus de 2.300 euros par mois qui s'est assis dans le box de la 11ème chambre du tribunal correctionnel de Paris. L'ex-trader, costume cravate et visage fatigué, a mis une dizaine de minutes pour atteindre la salle d'audience, entouré d'une foule de journalistes.
Les avocats de Jérôme Kerviel sont montés au créneau pour marteler les arguments qu'ils développent depuis plusieurs mois : “ce n'est pas un homme qui est responsable de cela mais un système. Celui qui comparaît devant le tribunal est un pion, un pion qu'on a utilisé et dont on a tiré profit et, quand on n'a plus eu besoin lui, qu'on a jeté”, a déclaré Me Olivier Metzner à la presse.
Interrogé sur son profil psychologique par le président, Dominique Pauthe, l'ex-trader a lâché : “les encouragements journaliers de mes supérieurs ne m'ont pas freiné, ils m'ont plutôt encouragé”. Il estime en effet que ses supérieurs étaient au courant de ses opérations et les encourageaient dès lors qu'elles rapportaient de l'argent.“ Tout se voit, tout s'entend” dans une salle de marchés, plaide-t-il, alors que la banque lui reproche d'avoir dissimulé ses opérations, produisant de faux documents et donnant de fausses explications.
Daniel Bouton, grand absent
Par micros interposés, les avocats ont commencé à s'affronter sur l'absence de Daniel Bouton, l'ex-PDG de la Société Générale, cité comme témoin. Il a refusé de venir à l'audience, jugeant suffisante la déposition qu'il a effectuée dans le bureau du juge d'instruction. Me Frédérik-Karel Canoy, avocat de petits actionnaires, a demandé qu'on le fasse venir de force mais Me Metzner ne s'est pas joint à cette demande.
_ Le tribunal statuera ultérieurement. “Sauf à transformer, cette audience en barnum, je ne vois pas pourquoi il serait contraint à venir”, a dit Me Jean Veil, un des avocats de la banque.
Daniel Bouton n'est pas le seul dans son cas. Plusieurs cadres ou ex-cadres de la banque ont fait savoir qu'ils ne viendraient pas.
_ L'audience doit durer jusqu'au 25 juin. Jérôme Kerviel encourt jusqu'à cinq ans de prison et 375.000 euros d'amende.
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