Jérôme Kerviel : un bien étrange SMS…
"Attention, une information va sortir. Protégez-vous. Mettez-vous au vert".
_ C’est le contenu d’un SMS que Jérôme Kerviel aurait reçu sur son portable le 23 janvier dernier, à la veille de l’annonce de la fraude qui a fait perdre à la Société générale près de cinq milliards d’euros. Selon Le Parisien/Aujourd’hui en France qui fait cette révélation ce matin, c’est le médecin du travail de la banque qui aurait envoyé le texto au trader, accusé d’être à l’origine de ces pertes abyssales.
Ce message "équivoque", écrit le quotidien, aurait eu pour but de faire passer Kerviel pour un fuyard et de renforcer ainsi sa culpabilité aux yeux de la justice et de l’opinion publique. Face à cette thèse développée par la défense du trader, la banque rétorque qu’il s’agissait juste de préserver Kerviel de la "pression médiatique" qui ne manquerait pas d’éclater dès l’annonce du PDG de la banque, Daniel Bouton. Les juges ne devraient pas manquer de convoquer rapidement le médecin du travail.
Première confrontation
Hier, le trader a été confronté à son supérieur hiérarchique direct dans le bureau des juges. Il s’agissait de la première confrontation entre Jérôme Kerviel, en détention provisoire depuis un mois tout juste, et le responsable adjoint du "desk Delta One". C’est sous sa responsabilité que travaillaient Kerviel et sept autres traders.
Pendant six heures, les magistrats ont questionné sur les conditions dans lesquelles Jérôme Kerviel a pu réaliser ses opérations entre 2005 et début 2008, sans que ses supérieurs hiérarchiques ne réagissent aux multiples alertes émises par les services de contrôle de la banque.
Dans un rapport interne, l’inspection générale de la Société générale a émis plusieurs hypothèses : "l’efficacité et la variété des techniques de dissimulation utilisées par le fraudeur, le fait que les opérateurs n’approfondissent pas systématiquement leurs vérifications" et enfin "par l’absence de certains contrôles".
Les magistrats se demandent également comment Kerviel a pu, à lui tout seul, engager 50 milliards d’euros alors que la prise de risque autorisée était de 125 millions pour l’ensemble des huit traders du "desk".
Le 8 février, Jérôme Kerviel a été mis en examen pour "faux et usage de faux, introduction dans des systèmes de données informatiques" et "abus de confiance". Il a aussitôt été placé en détention provisoire, détention contre laquelle ses avocats se sont pourvus en cassation. Aucune date d’audience n’a pour l’instant été fixée. La cour d’appel examine en revanche le 14 mars une première demande de remise en liberté de l'ex-trader.
Gilles Halais avec agences
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