Jérôme Kerviel dénonce un système sans contrôle
Le procès de Jérôme Kerviel s'ouvrira le 8 juin prochain devant le tribunal correctionnel de Paris. L'ancien trader de la Société générale doit s'expliquer sur les 4,9 milliards d'euros de pertes qu'il est soupçonné d'avoir provoquées début 2008. Il est soupçonné d'abus de confiance, de faux et usage de faux. Jérôme Kerviel est accusé d'avoir pris des risques inconsidérés et d'avoir détourné toutes les procédures de contrôle de la banque. Ce que le trader conteste.
Avant de répondre aux questions des juges, Jérôme Kerviel a décidé de s'adresser à l'opinion publique. " J'ai servi de fusible," explique-t-il dans un entretien à France Info. Selon lui ses "supérieurs ont été régulièrement alertés d'opérations fictives" qu'il avait saisies. "Ils n'ont jamais réagi. Mes résultats étaient complètement délirants et ils les validaient tous les jours", affirme l'ex-trader.
"T'es une bonne gagneuse"
Dans une salle des marchés, tout le monde voit ce que fait l'autre explique Jérôme Kerviel. "A la fin de la journée à 17h30, le manager arrivait et il nous demandait : relevé des compteurs, combien vous avez gagné ? Là, on annonçait nos résultats. Quand ils étaient bons on nous disait : c'est bien t'es une bonne gagneuse ".
_ "Je me défonçais pour ma banque, j'ai ramené 1.5 milliard d'euros à la Société Générale" en 2007.
"On m'accuse aujourd'hui d'avoir pris des positions spéculatives", alors que "tout le monde le savait à l'époque". "Dans une salle des marchés, tous les traders spéculent, c'est la seule manière de gagner de l'argent."
"Je n'étais plus dans la réalité"
"Une ambiance masculine, portée sur la rentabilité et la performance", détaille l'ancien employé de la Société générale.
_ A la question de son sentiment sur ses agissements, il explique s'être dit qu'il était " vraiment très con, je me rendais pas compte. La salle des marchés c'est un cocon. On vit en vase clos. On sort entre traders. Je n'étais plus dans la réalité, dévoré entièrement par mon métier. C'est complètement malsain. Il est temps de sortir de ces pratiques."
Matthieu Aron
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