"Un trou à rat pour 750 euros de loyer" : à Aubervilliers, près de la moitié du parc immobilier privé serait "indigne"
Vitres cassées, fils électriques qui pendent, humidité... À Aubervilliers, 42% du parc immobilier privé serait "potentiellement indigne", d'après la maire.
Après l'incendie, qui a fait 22 blessés dont 7 graves, dimanche 19 août à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), les habitants cherchent à comprendre. Les causes de ce drame seraient accidentelles, mais la maire de la ville, Meriem Derkaoui, n'a pas tardé à dénoncer les conditions précaires du bâtiment touché, qui n'avait pas d'autorisation de logement, seulement un bail commercial. Selon elle, 42% du parc immobilier privé de la ville serait potentiellement indigne, c'est-à-dire trop insalubre pour y vivre décemment.
Dans les rues d'Aubervilliers, à quelques pas de la mairie, Houssaim discute avec les amis du quartier. Ce jeune homme de 24 ans a grandi ici. Lui vit avec ses parents, mais il connaît très bien les logements insalubres. "Carrément, répond-il, à Aubervilliers, j'ai envie de vous dire que c'est depuis toujours que ça se passe."
J'ai même des amis qui sont obligés de casser des portes pour trouver des appartements.
Houssaimà franceinfo
Il lui suffit en fait de regarder autour de lui pour trouver d'innombrables exemples. "Dans ce bâtiment-là, dans celui derrière, partout, partout", commente Houssaim. Quelques dizaines de mètres plus tard, il prouve ses propos : un bâtiment de plusieurs étages, donnant sur une rue passante et la porte grande ouverte. Pas d'interphone, pas de serrure. À l'intérieur, un état de délabrement difficile à imaginer. "Il y a des trous dans le mur, ça a été brûlé mais pas refait. On est à même pas 200 mètres de la mairie et ils ne font rien, ils laissent ça comme ça, avec des câbles qui pendent alors qu'il y a des enfants qui descendent, avec des fenêtres cassées."
Neuf mois après un incendie, pas de constat ni de réparation
Ali, un ami d'Houssaim, complète ce tableau déjà frappant d'insalubrité : "On a encore une maison qui a brûlé ici, il y a neuf mois". Selon les voisins, personne n'est jamais venu constater les dégâts, ni réparer. Sandy vit juste à côté de l'appartement incendié. Elle a accepté de nous ouvrir sa porte : "Dans la cuisine, il y avait le frigidaire mais à cause de l'humidité, je l'ai mis dans la chambre, commente-t-elle pendant la visite. Ici, j'ai plein de fuites, donc je mets des seaux."
Il y a un an et demi, une importante inondation a touché son logement de 25 mètres carré. Depuis, elle et ses trois enfants en bas âge font comme ils peuvent pour combattre l'humidité.
Quand il fait froid en hiver, la fenêtre est pleine d'eau. Dans la salle de bain, c'est fissuré de partout. Quand on se douche, l'eau va dans la chambre donc je mets des serviettes par terre.
Sandyà franceinfo
Coût du loyer mensuel : 750 euros. C'est "énorme pour un trou à rat comme ça", se désole Sandy. Mais après 14 ans de calvaire, elle veut rester positive : la mairie d'Aubervilliers a fini par lui trouver un F4 à un peu plus d'un kilomètre d'ici. La date du déménagement n'est pas encore connue, mais le plus tôt sera le mieux.
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