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Carte Incendies au Canada : visualisez comment le panache de fumée s'est déplacé vers la France

Les fumées issues des gigantesques feux qui ravagent les forêts canadiennes depuis le début de l'année ont atteint mardi le territoire hexagonal. Mais, pour l'heure, aucune dégradation de la qualité de l'air n'est à signaler.
Article rédigé par Léa Prati
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Le panache de fumée issu des incendies au Canada a atteint la France métropolitaine, le 27 juin 2023. (SANDRINE MARTY / HANS LUCAS / AFP)

Après avoir recouvert le ciel de Montréal ou de New York d'un épais voile orangé, les fumées des gigantesques incendies canadiens ont atteint la France. Ces immenses panaches, issus des 7,4 millions d'hectares brûlés, ont traversé l'océan Atlantique pour nimber une partie de l'Hexagone, mardi 27 juin. "Actuellement, les trois quarts du pays sont touchés", explique sur franceinfo Joris Vallon, prévisionniste à Météo France. Les particules ont atteint le pays par l'Ouest dans la nuit de lundi à mardi. Elles se décaleront vers l'Est jeudi, avant d'être balayées hors des frontières vendredi.

Pour suivre le déplacement de ce panache de part et d'autre de l'océan Atlantique, le service de surveillance de l'atmosphère de Copernicus (Cams) met à disposition des données et des prévisions à cinq jours, en mesurant l'épaisseur optique des aérosols (AOD). Cet indicateur mesure le degré de transparence de l'atmosphère, et donc la concentration d'aérosols. Plus elle est élevée, plus la présence de particules est importante.

Les fumées venues du Canada sont majoritairement composées de monoxyde de carbone, une molécule à la "durée de vie atmosphérique d'environ un mois", explique à l'AFP Mark Parrington, scientifique au Cams. Sa longévité en fait un "très bon traceur du transport des fumées".

Situées à plus de 3 000 mètres d'altitude, les fumées devraient "se diluer assez facilement dans l'atmosphère", ajoute le prévisionniste Joris Vallon. D'autant que des perturbations sont prévues jeudi sur le territoire français, ce qui devrait "faire disparaître" les émanations. Pour autant, il est possible de les apercevoir à l'œil nu, comme le montrent par exemple ces photos prises à Chevaigné (Ille-et-Vilaine) et Lelex-Crozet (Jura), publiées sur Twitter. Désormais, le ciel semble "voilé, avec un aspect laiteux", explique le prévisionniste. Mais "il n'y a pas de couleur particulière", contrairement aux poussières venues du Sahara. "On peut avoir une couche blanche dans le ciel, sans contour précis".

Pas d'impact sur la qualité de l'air pour l'instant

Irritations oculaires, crises d'asthme... L'exposition à ces particules fines a un effet néfaste sur la santé. "Elles s'accumulent sur le long terme dans nos organes, en particulier dans le cœur, où elles participent à accentuer les risques d'AVC, et encore dans le cerveau, où elles aggravent le risque de développer Alzheimer et la maladie de Parkinson", explique au Point Charlotte Lepitre, responsable projet pour Atmo France, la fédération des associations chargées de la surveillance de la qualité de l'air. A long terme, les particules fines peuvent favoriser l'apparition de maladies cardiovasculaires ou de cancers, selon elle.

Reste qu'après avoir traversé des milliers de kilomètres pour atteindre le Vieux Continent, les fumées sont moins concentrées en particules fines qu'au début de leur voyage, au Canada, selon le Cams. Les données "montrent ainsi des valeurs élevées de concentration d'aérosols à travers l'Atlantique, mais principalement à des altitudes très élevées", explique Mark Parrington à l'AFP.

Selon lui, "il est donc peu probable que cela ait un impact sur la qualité de l'air en Europe". Du côté de Paris et de l'Ile-de-France, aucun impact notable n'est prévu non plus sur la qualité de l'air. "Mais on ne peut pas exclure du dépôt, c'est-à-dire des retombées" si les courants atmosphériques se modifient dans les prochains jours et que les strates d'altitude se mélangent aux strates inférieures, explique à l'AFP Pierre Pernot, ingénieur chez Airparif. Même si nous sommes loin des images de New York pris au piège dans la fumée, les scientifiques restent donc attentifs à l'évolution de l'altitude de ce nuage.

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