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Ce que l'on sait de la rave-party de Lieuron qui a réuni 2 500 personnes

La fĂȘte gĂ©ante clandestine avait commencĂ© jeudi soir. Sept personnes, dont deux organisateurs prĂ©sumĂ©s, sont en garde Ă  vue. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des fĂȘtards quittent la rave-party Ă  Lieuron (Ille-et-Vilaine), le 1er janvier 2021. (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

La rave-party, commencée jeudi soir à Lieuron (Ille-et-Vilaine), s'est terminée samedi matin. Elle a réuni au plus fort jusqu'à 2 500 personnes. De nombreux gendarmes ont été mobilisés.

Une fĂȘte gĂ©ante difficile Ă  stopper

Il est environ 6 heures du matin, samedi 2 janvier, quand la musique s'arrĂȘte : la fĂȘte est finie Ă  Lieuron, prĂšs de Rennes. Les fĂȘtards Ă©taient arrivĂ©s en cours de soirĂ©e, jeudi 31 dĂ©cembre, dans des hangars dĂ©saffectĂ©s. La rave-party a durĂ© 36 heures. Le matĂ©riel est dĂ©montĂ©, les participants partent progressivement, mais des gendarmes sont sur place pour les verbaliser, et certains parviennent Ă  contourner les barrages en ouvrant un accĂšs direct Ă  une voie rapide.

Un vĂ©hicule a Ă©tĂ© incendiĂ©. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Les autoritĂ©s ont eu du mal Ă  stopper la fĂȘte gĂ©ante : trois gendarmes ont Ă©tĂ© lĂ©gĂšrement blessĂ©s par des jets de pierre, alors qu'ils tentaient d'intervenir dans la nuit de jeudi Ă  vendredi. Un vĂ©hicule de la gendarmerie a Ă©galement Ă©tĂ© incendiĂ©. Sa carcasse est d'ailleurs prise en photo par certains fĂȘtards, comme un souvenir de cette fĂȘte de la Saint-Sylvestre.

Quelques interpellations et de nombreuses verbalisations

Le dispositif de sĂ©curitĂ© dĂ©ployĂ© est important, avec des renforts arrivĂ©s samedi matin, notamment pour bloquer tous les accĂšs autour de la zone. Plus de 1 200 verbalisations sont effectuĂ©es et un camion, du matĂ©riel de sons et des gĂ©nĂ©rateurs sont saisis. La prĂ©fecture d'Ille-et-Vilaine indique que cinq interpellations ont eu lieu. "Des gardes Ă  vue sont en cours", ajoute le gĂ©nĂ©ral de gendarmerie Pierre Sauvegrain, sans en prĂ©ciser le nombre. Une enquĂȘte judiciaire est ouverte.

"De trÚs nombreuses procédures judiciaires sont ouvertes" sous l'autorité du procureur de la République, "pour violences aggravées, organisation illicite de soirées festives et non-respect du couvre-feu", précise Emmanuel Berthier, le préfet de Bretagne, lors d'une conférence de presse. "Des procédures sont en cours à l'encontre des organisateurs."

Un gros dispositif de sĂ©curitĂ© est en place dans le secteur. (SÉBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Plus de 800 infractions liées au Covid-19 sont constatées, "pour participation à un rassemblement interdit, pour non-respect du couvre-feu et pour non-port du masque", ajoute le préfet. Par ailleurs, plusieurs centaines d'amendes forfaitaires délictuelles pour usage de stupéfiants sont délivrées. "Nous sommes bien au-delà des 1 200 verbalisations".

Sept personnes en garde Ă  vue

Sept personnes ont Ă©tĂ© placĂ©es en garde Ă  vue, indique le parquet de Rennes dans un communiquĂ©. Parmi elles, deux jeunes de 22 ans qui sont soupçonnĂ©s de faire partie des organisateurs. Ils ont Ă©tĂ© interpellĂ©s vers 15 heures dans une commune d'Ille-et-Vilaine aprĂšs une importante opĂ©ration de gendarmerie. Ils sont sans antĂ©cĂ©dent judiciaire. Une perquisition est en cours, qui a permis de saisir une somme d’argent, l'enquĂȘte a permis de dĂ©terminer que cette fĂȘte Ă©tait payante. Des produits stupĂ©fiants et du matĂ©riel permettant l'installation de matĂ©riels de sonorisation ont Ă©galement Ă©tĂ© saisis. 

Trois participants sont par ailleurs en garde à vue pour infractions à la législation sur les stupéfiants, et deux personnes sont en garde à vue car elles détenaient du matériel (une table de mixage et un groupe électrogÚne).

Des inquiétudes sur le plan sanitaire

Ce rassemblement de nombreuses personnes alarme les autorités, en pleine épidémie de Covid-19. "Il y a une responsabilité incontestable, c'est celle des organisateurs qui prennent la décision de créer un évÚnement de cette nature. Il faudra que ces personnes rendent des comptes à la justice", déclare à franceinfo Jean-Luc Chenut, président du Conseil départemental d'Ille-et-Vilaine. Cet évÚnement était "totalement interdit, dans des conditions sanitaires inexistantes, et il y a donc mise en danger de la santé d'autrui", dénonce l'élu.

"Organiser un évÚnement de cette nature en pleine crise sanitaire, c'est un risque majeur de diffusion de l'épidémie."

Jean-Luc Chenut, président du Conseil départemental

Ă  franceinfo

D'ailleurs, les autorités sanitaires font part de leurs recommandations. Le directeur de l'Agence régionale de santé de Bretagne, Stéphane Mulliez, appelle sur France Bleu Armorique les participants "à s'isoler strictement à leur domicile pendant sept jours". Il confie son inquiétude : "Nous avons mis à disposition sur le site de nombreux équipements de protection individuels : plus de 4 000 masques chirurgicaux, ainsi que 540 tests antigéniques pour pouvoir faire des dépistages de maniÚre anticipée. Mais malgré cela, nous savons que cette rave-party présente un trÚs fort risque de diffusion du Covid-19", explique-t-il. Il juge "irresponsables les comportements des teufeurs du point de vue sanitaire" et souhaite "un retour au civisme".

Un centre de tests antigéniques a d'ailleurs été mis en place devant le gymnase de Lieuron, les participants au rassemblement sont vivement encouragés à s'y rendre par la préfecture d'Ille-et-Vilaine.

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