"Horreur absolue", "effroi"... La classe politique sous le choc de l'attaque terroriste dans un lycée d'Arras
"L'horreur" : la classe politique a rapidement réagi après l'annonce de l'attaque au couteau à Arras (Pas-de-Calais). Vers 11h, vendredi 13 octobre, un homme a poignardé à mort un enseignant et fait deux blessés graves dans un lycée de la cité scolaire Gambetta - Carnot d'Arras, criant "Allah Akbar" lors de l'attaque, dans un contexte de crainte d'importation du conflit Israël-Hamas en France.
>> Attaque au couteau dans un lycée d'Arras : ce que l'on sait
"L'horreur vient de frapper un lycée d'Arras. Mes pensées vont à la victime, aux blessés, à leurs familles", indique sur X, anciennement Twitter, la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet. Xavier Bertrand, président de la région Hauts-de-France, annonce se rendre sur place. "Tout mon soutien aux lycéens, aux enseignants et aux agents de la région Hauts-de-France après l'effroyable attaque au couteau au lycée d'Arras de Gambetta", écrit-il sur X.
Cette attaque intervient presque trois ans jour pour jour après l'assassinat de Samuel Paty, un enseignant de 47 ans décapité le 16 octobre 2020 près de son collège des Yvelines, après avoir montré à ses élèves des caricatures de Mahomet lors de cours sur la liberté d'expression. "C'est une onde de choc dans notre département", a réagi sur franceinfo Brigitte Bourguignon, conseillère départementale Renaissance du Pas-de-Calais. L'ancienne ministre de la Santé a vécu cette journée "avec beaucoup d'émotion et beaucoup d'angoisse". Elle fait part également d'un "respect immense" pour "cet enseignant qui a perdu la vie mais qui a permis de sauver beaucoup d'autres vies".
"Les enfants sont capables de parler, sont capables, avec leurs mots, de dire les choses. Rien ne serait pire que de faire comme s'il ne s'était rien passé. C'est le moment de parler avec les enfants, de parler avec les jeunes et de les laisser nous dire ce qui les angoisse aujourd'hui."
Brigitte Bourguignon, conseillère départementale Renaissance du Pas-de-Calaisà franceinfo
Elle dit aussi son "respect pour les forces de police qu'on a l'habitude de conspuer, qui ont été là dans les minutes qui ont suivi et dont la rapidité a été déterminante". L'élue du Pas-de-Calais espère par ailleurs "beaucoup de décence" dans les jours qui viennent "parce que ça s'impose aux familles, ça s'impose aux collègues de ces enseignants et aux élèves qui ont vécu un immense traumatisme".
"Besoin d'union nationale et de cohésion"
A gauche, le premier secrétaire du PS souligne l'"effroi après le nouveau meurtre d'un enseignant à quelques jours de l'anniversaire de la mort de Samuel Paty", quand le patron des députés PS, Boris Vallaud, appelle à "faire bloc". "C'est dramatique de se dire alors qu'on s'apprêtait à commémorer dans trois jours la mort de Samuel Paty, un nouveau professeur meurt pour son métier, pour avoir tenté d'avoir protégé ses élèves", a déclaré vendredi sur franceinfo Marine Tondelier, secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, conseillère régionale des Hauts-de-France. Elle est née dans le Pas-de-Calais, le département où se trouve le lycée.
"Je m'associe à toute l'horreur, à toute la terreur, la colère, la tristesse de la communauté enseignante, des élèves de ce lycée, des élèves d'Arras, de France et de leurs parents qui sont inquiets. Ce sont des moments qui sont terribles et dans lesquels on a besoin de sentir un peu d'union nationale et de cohésion."
Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELVà franceinfo
L'ancien président de la République, François Hollande, dénonce pour sa part un "acte terroriste", demandant aux Français de "restez unis" et à ne rien "céder au fanatisme".
Ecole "sanctuaire de la République"
Pour sa part, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon parle de son "effroi" et de son "dégoût face à l'attaque au couteau et l'assassinat d'un enseignant". Pour le coordinateur de La France insoumise Manuel Bombard, "l’horreur s’abat une nouvelle fois sur la communauté éducative". Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI, évoque également Samuel Paty, et se dit "horrifiée par l'attaque et l'assassinat d’un enseignant au Lycée Gambetta à Arras". Le Secrétaire national du PCF et député du Nord, Fabien Roussel, dénonce une "horreur absolue" pour l'école "sanctuaire de la République" et indique que la nation doit se tenir unie face à ce drame.
À droite, le président des Républicains Eric Ciotti écrit sur X que l'attaque au couteau dans un lycée d'Arras est une "horreur absolue". "Tout doit être mis en œuvre pour éradiquer l'islamisme, ses soldats et ses relais", a insisté Jordan Bardella (RN). "Effroyable attaque ce matin au lycée Gambetta d’Arras où un professeur a été tué par un assaillant armé d’un couteau", écrit sur X le député du RN et vice-président de l'Assemblée nationale Sébastien Chenu. "À Arras, le djihad vient de frapper", a dénoncé pour sa part Eric Zemmour (Reconquête).
"On s'attaque à nouveau à ce merveilleux emblème de la République qu'est l'école", a réagi vendredi sur franceinfo Isabelle Rauch, députée Horizons de Moselle, présidente de la commission des Affaires culturelles et de l‘Éducation de l’Assemblée nationale. Elle exprime "un fond de colère" et la "crainte" qui est "dans toutes les têtes" que les enseignants soient des "cibles". "Dès qu'on est détenteur d'un symbole de la République, on finit par avoir une cible dans le dos. Cela finit par devenir une crainte", reconnaît la députée.
Minute de silence à l'Assemblée nationale
Dès l'annonce de l'attaque, les députés ont suspendu leurs travaux en cours et observé une minute de silence à l'Assemblée nationale pour exprimer leur solidarité avec la communauté éducative et les victimes. "D'ores et déjà, l'Assemblée nationale exprime sa solidarité et ses pensées, à l'égard des victimes, de leurs proches et de la communauté éducative dans son ensemble", a dit la vice-présidente Naïma Moutchou, qui a levé la séance.
Le ministre chargé du numérique, Jean-Noël Barrot, est brièvement intervenu devant les députés pour saluer "l'héroïsme de celles et ceux qui semblent avoir voulu s'interposer pour éviter le drame".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.