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Hormone de croissance : l'heure du jugement

Qui est responsable du décès à ce jour de 117 jeunes traités à l'hormone de croissance dans les années 1980 ? La justice tranchera aujourd’hui sur la culpabilité de six médecins et pharmaciens. Elle ne se prononcera pas sur celle d'un septième pourtant le plus critiqué, le professeur Jean-Claude Job mort récemment.
Article rédigé par franceinfo
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Au terme de sept mois et demi de délibéré, le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision à l'égard des six prévenus -médecins ou scientifiques- poursuivis pour ''homicides et blessures involontaires'' et ''tromperie aggravée'' dans l'affaire dite de l'hormone de croissance dans laquelle au moins 114 personnes sont mortes.

Entre le 30 mai 2008, date de fin du procès, et le jugement du tribunal, un septième prévenu, le Pr Jean-Claude Job, ancien président de France Hypophyse, est décédé début octobre 2008 à l'âge de 86 ans, entraînant l'extinction de l'action publique à son encontre.

L'accusation a tenté de faire la part des choses, demandant trois relaxes et réservant les peines, toutes avec sursis, aux prévenus ayant géré le dossier au plus près : quatre ans pour Jean-Claude Job et Fernand Dray, ancien responsable du laboratoire de Pasteur; un an pour Elisabeth Mugnier, qui collectait les hypophyses, et deux ans pour Marc Mollet, ancien responsable du conditionnement du médicament à la PCH.

En 1992, une enquête de l'Inspection générale des Affaires sociales (IGAS) avait souligné de graves dysfonctionnements du dispositif mis en place par France Hypophyse, l'association ayant le monopole de la collecte de ces glandes puis la distribution des hormones de croissance. La transformation était assurée par l'Unité de radio-immunologie analytique (URIA) de l'Institut Pasteur, dont les méthodes d'extraction et de purification ont été critiquées.

L'enquête judiciaire a montré que la collecte des hypophyses, utilisées dans la fabrication de l'hormone de croissance, ne tenait aucun compte des antécédents médicaux des personnes décédées, que ces glandes étaient prélevées dans des services à risque par des garçons de salle, et non des médecins, sans aucune règle d'hygiène.

Après le fiasco de l'enquête globale sur le scandale du sang contaminé par le sida, soldé par un non-lieu général, ce jugement est très attendu par les familles, d'autant que la maladie tue toujours. "La 117e victime est un père de famille qui est mort le jour de Noël", explique Jeanne Goerrian, présidente de l'Association des victimes de l'hormone de croissance (AVHC). Des centaines de jeunes ayant subi le traitement vivent toujours dans la peur de succomber à leur tour à ce mal dont l'incubation peut prendre 30 ans.

"La justice ne doit pas être confondue avec la souffrance des victimes et la vengeance", a cependant mis en garde un avocat de la défense, soulignant l'absence de preuves établies.

Caroline Caldier avec agences

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