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Gendarmerie : silence dans les rangs !

Le devoir de réserve n'est pas négociable : le patron de la gendarmerie ordonne à huit de ses hommes de démissionner de l’association de "libre expression" qu’ils venaient de créer, sous peine de révocation...
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Hasard du calendrier. Alors que les gendarmes ont été priés d’annuler la manifestation de soutien à leur collègue de Draguignan, relevé de ses fonctions pour avoir abattu un gardé à vue qui tentait de s’échapper, huit hommes viennent de recevoir une lettre des plus explicites du directeur général de la gendarmerie nationale.

Dans ce courrier, le général Parayre leur "commande de démissionner sans délai de (l’)association" qu’ils viennent de créer, et de "(lui) en rendre compte sous huit jours. A défaut, je me verrais contraint d’appliquer la réglementation prévue en cas de violation des dispositions statutaires" prévues par l’article L.4121-4 du code de la défense, menace le patron de la gendarmerie.

Cet article proscrit "l'existence de groupements professionnels militaires à caractère syndical" et "l'adhésion des militaires en activité de service" à ces groupements qui "sont incompatibles avec les règles de la discipline militaire".

Gendarmes et citoyens

En avril dernier, ces militaires avaient déposé en sous-préfecture de Brest les statuts d’une association de type loi 1901, lesquels sont parus très récemment au Journal officiel. Ces statuts donnaient une existence associative au forum "Gendarmes et citoyens" (ex-Gendarmes en colère) qui existe sous forme d’un site internet et d’un blog depuis plus d’un an.

Ils comptaient, en la créant, "communiquer à visage plus ouvert" que sur le net, et "offrir de nouvelles possibilités de liberté d’expression" pour les gendarmes astreints au strict devoir de réserve. Cette démarche n’a semble-t-il pas été du goût de leur hiérarchie qui leur ordonne de se saborder. Faute de quoi, ces militaires risquent la révocation pure et simple. Le vice-président de l’association, Jean-Hugues Matelly, fustige un "mauvais procès" et n’exclut pas une action en justice.

Car "c’est au juge judiciaire de protéger et garantir la liberté d’expression, une liberté fondamentale en démocratie", explique-t-il. De son côté, la gendarmerie nationale se refuse à tout commentaire.

Gilles Halais avec agences

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