Fusillade à la Grande Borne, à Grigny : "Tous les ans, il y a quelque chose et ça commence à peser"
La cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne) a été jeudi le théâtre d'une fusillade mortelle. Le maire veut pourtant croire en l'efficacité des améliorations apportées au quartier ces dernières années.
La cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne) a été, jeudi 5 octobre, le théâtre d'une fusillade mortelle et d'affrontements entre des bandes rivales. Alors que les habitants disent leur lassitude face à la violence, la mairie veut pourtant croire que les mesures décidées ces dernières années vont continuer à produire des effets positifs.
En fin d'après-midi, jeudi, les policiers ont levé le cordon de sécurité qui empêchait l'accès aux rues voisines de l'immeuble où s'est produite la fusillade. Après l'échauffourée de la mi-journée, le calme est retombé sur le quartier, mais les faits sont dans toutes les têtes. Mélissa s'est installée à la Grande Borne depuis un an, pour se rapprocher de son travail. Elle se dit "sous le choc". Rue du Dédale, une des voies tout en courbes du quartier-labyrinthe de 11 000 habitants, une jeune fille de 22 ans fait part de sa lassitude. "Tous les ans, il y a quelque chose et ça commence à peser", confie-t-elle, en rappelant l’attaque de policiers en 2016, au carrefour du Fournil, entre Grigny et Viry-Châtillon.
J’en ai marre de dire que j’habite ici et qu’on m’associe aux délinquants alors que je n‘en suis pas une.
Une jeune habitante de la Grande Borneà franceinfo
Aux abords de l'école, Nabil, un père de famille, dit malgré tout avoir constaté une amélioration dans le quotidien du quartier où il vit depuis 46 ans. Mais les événements d'hier sont brutaux. "Ma fille devait aller au karaté ce soir, mais elle n'ira pas. Elle est un peu affolée de ce qu'elle a vu tout à l'heure."
Pourtant le quartier a changé ces dix dernières années. Il est plus clair, plus propre. L'arrivée d'un camion chargé de vider les bacs de déchets de verre pourrait paraître banale ailleurs, mais ici c'était impensable avant les travaux menées par la commune et l'Agence nationale de rénovation urbaine. Dans son bureau à l'hôtel de ville de Grigny, le maire PCF, Philippe Rio, veut rester optimiste, malgré le dernier épisode de violence.
Les événements nous montrent qu’il y a une extrême fragilité. Et en même temps, nous pouvons nous reposer sur des acquis, la stratégie du petit pas, même si aujourd’hui c’est extrêmement dur.
Philippe Rio, maire de Grignyà franceinfo
L'agression des policiers l'an dernier et la vague de protestation qu'elle a suscitée dans la police a poussé l'État à se mobiliser. Une demi-compagnie de CRS a été stationnée sur le secteur. Des patrouilles quotidiennes sont visibles, ainsi que des survols d'hélicoptère. Le dispositif est parfois lourd à supporter pour les habitants, mais d'après Claude Carillo, secrétaire départemental du syndicat policier Alliance, la mobilisation est payante. "On nous donne les moyens humains, du matériel et il y a du résultat", dit-il en évoquant une saisie de stupéfiants de trente kilos, il y a quinze jours.
Il y a un travail de fond qui est mené, mais ce qui s'est passé jeudi est la preuve que les problèmes de la Grande Borne ne sont pas réglés.
Claude Carillo, syndicat Alliance-policeà franceinfo
Les syndicats policiers de l'Essonne réclament 100 à 150 fonctionnaires de plus sur le département. Les habitants, eux, veulent surtout du travail quand le taux de chômage des 15-24 ans sur la cité est de 40%.
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