Expéditions punitives contre des "quenelliers" à Lyon
Six personnes ont été déférées ce mardi au parquet de Lyon,
soupçonnées d'avoir pris part à l'une des deux expéditions punitives contre des
personnes qu'elles accusent d'avoir fait le signe de "la quenelle", a
appris France Info de source proche de l'enquête, confirmant une information du
Progrès .
La séquestration n'est pas établie
Une première expédition avait eu lieu samedi soir vers 23
heures, à Lyon. La cible : un employé du restaurant branché Mama Shelter.
Les punisseurs ont été bloqués à l'entrée par les vigiles, il y a eu des
bousculades, des jets de gaz lacrymogènes, la victime visée a été apparemment épargnée.
Une première enquête a été ouverte, mais aucune interpellation n'a pour l'instant
eu lieu.
La seconde attaque, dans la nuit de dimanche à lundi à
Villeurbanne, est plus trouble. Des témoins ont appelé la police, parlant d'une
victime battue et séquestrée dans un coffre de voiture. Les policiers ont alors
interpellé six personnes, deux piétons qui étaient armés de couteaux, et quatre
de leurs amis qui se trouvaient dans la voiture suspecte, avec des matraques et
des poings américains. Cependant, selon nos informations, la séquestration
n'est pas encore établie. La victime ne le confirme pas. Des analyses ADN dans
le véhicule sont en cours. L'homme, qui aurait été repéré sur Facebook, postant
une photo de sa "quenelle", a néanmoins été légèrement blessé. Son
interruption temporaire de travail est inférieure à huit jours.
Pour rappel, la "quenelle" n'a ici aucun rapport
avec la célèbre spécialité culinaire -comble du sort - lyonnaise. Il s'agit d'un
geste (bras tendu vers le bas, main opposée sur l'épaule) qui suggère une
sodomie. Inventé par Dieudonné, au milieu des années 2000, sa signification est
sujette à controverse. Geste antisystème pour les uns, il est connoté antisémite
pour d'autres, surtout quand des personnes se prennent en photo devant des
symboles juifs (synagogues, mémoriaux de la Shoah...).
Chasse à l'homme sur le Web
Peu de temps après les agressions, sur Internet et les
réseaux sociaux, le ton est monté. Des personnes anonymes accusent la Ligue de
Défense Juive et publient les noms et photos d'agresseurs présumés. De source
judiciaire, cette accusation contre la LDJ n'est pas du tout avérée. La LDJ a,
elle-même, démenti être impliquée, via son compte Twitter.
Plus tôt ce mardi, ce même compte Twitter avait fait
référence à ces deux "missions commandos ". Sans les soutenir, mais
sans non plus les condamner, le tweet, suspendu depuis, disait : "Deux
grosses expéditions punitives (...) contre des 'quenelliers'. Les
nazillons ne sont plus tranquilles ! "
De source proche de l'enquête, le lien entre le récent
piratage de la base de données du site de Dieudonné et cette affaire n'est pas
établi. La semaine dernière, la mise en ligne par un pirate informatique de milliers d'adresses
e-mails de gens s'étant pris en photo en faisant "une quenelle" avait fait grand bruit.
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