Double homicide dans les Cévennes : "La reddition de Valentin Marcone est une véritable surprise", reconnaît le procureur de la République de Nîmes
Éric Maurel exprime son "grand soulagement que tout se termine sans effusion de sang" et souligne le travail des gendarmes "méticuleux, pugnace, calme, efficace".
Après quatre jours passés terré dans les bois des Cévennes, dans le Gard, Valentin Marcone s'est rendu vendredi aux gendarmes. Il est soupçonné du double meurtre de son patron et de l'un de ses collègues dans la scierie où il travaillait, dans le village des Plantiers. "Sa reddition est une véritable surprise", reconnaît samedi 15 mai sur franceinfo Éric Maurel, le procureur de la République de Nîmes.
franceinfo : Beaucoup de personnes ne croyaient pas à cette issue. On pouvait penser que Valentin Marcone s'était donné la mort. Vous aviez des éléments qui vous laissaient penser le contraire ?
Éric Maurel : Les derniers éléments que les gendarmes avaient recueillis ont laissé penser, au contraire, qu'il allait prendre une position jusqu'au boutiste. Le profil qui était en train d'être établi par les spécialistes de la gendarmerie était particulièrement inquiétant. Et je ne vous cache pas que cette reddition a été pour nous une véritable surprise. Pour ma part, j'avais toujours indiqué que précisément, ce n'était pas un survivaliste. Ce n'était pas un paramilitaire. Il y avait des aspects chez lui qui pouvaient faire croire à ce type de personnage. Mais en même temps, on ressentait chez lui une très grande fragilité psychologique, une très grande immaturité.
"Le portrait que certains voulaient faire d'un Rambo ne me paraissait pas correspondre à la réalité."
Éric Maurel, le procureur de la République de Nîmesà franceinfo
Cette issue est un résultat remarquable et un grand soulagement, car tout ceci se termine sans effusion de sang. L'appel à la reddition qui avait été fait nous a permis d'interpeller cet individu. Le travail des gendarmes a été un travail méticuleux, pugnace, calme, efficace. Nous pensons aussi que la diffusion du message [du père du fugitif] a dû participer effectivement à un travail psychologique. Outre la fatigue parce que quatre jours dans les bois, sans véritables moyens de subsistance, tout ceci a dû contribuer à ce que cet individu finisse par se rendre.
Est-ce que l'on sait précisément où il s'est caché pendant quatre jours ?
Il avait élaboré un certain nombre de lieux. On sait qu'il a pu se constituer plusieurs points de repli. Mais pour l'instant, c'est une hypothèse de travail. Il faut connaître ce terrain où on peut très facilement se cacher. Nous avons malheureusement connu dans ce département des affaires de disparitions de personnes dont nous avons retrouvé par la suite les cadavres des années après, alors que les militaires de la gendarmerie, des randonneurs, des chasseurs étaient passés des dizaines de fois à quelques mètres du corps de la personne disparue. C'est une végétation particulièrement dense. C'est un terrain particulièrement difficile. Ce sont des territoires où, notamment, les maquisards ont pu se cacher et lutter contre l'occupant nazi dans les territoires difficiles.
La justice retient la préméditation contre Valentin Marcone. Pour quelles raisons ?
Pour plusieurs. La première, c'est pour donner aux enquêteurs et ensuite aux juges d'instruction tous les moyens d'enquêter sur la plénitude de la matérialité des faits et de l'intention exacte du suspect, aujourd'hui en garde à vue. Par ailleurs, il y a un élément objectif qui permet de le retenir, c'est qu'il s'est rendu sur son lieu de travail avec une arme. Il y a un véritable travail d'exploitation, de sa documentation, de son parcours personnel, des démêlés judiciaires qu'il a pu rencontrer dans le passé. Et le rapprochement de tous ces éléments va nous permettre de déterminer son profil, l'évolution de sa personnalité des dernières semaines. Et nous commençons à avoir des bribes qui devraient nous permettre de comprendre les raisons de son passage à l'acte.
Valentin Marcone est-il déjà entendu par les enquêteurs ?
Les auditions sont en cours. Il a été vu par un médecin pour s'assurer que, d'abord, il était en parfaite santé. Et les auditions vont se dérouler pendant tout le temps de la garde à vue. Le travail des enquêteurs va être de le mettre en confiance, donc de travailler avec lui sur sa vie, son parcours. Il faut que les enquêteurs arrivent à créer un lien avec lui pour ensuite progressivement en venir aux faits qui lui sont reprochés.
"Nous attendons de lui qu'il nous explique le pourquoi et le comment de son passage à l'acte. C'est quelque chose qu'il doit désormais aux familles des victimes et qu'il doit à sa propre famille, qu'il doit à sa communauté villageoise."
Éric Maurelà franceinfo
C'est un village qui est actuellement dévasté et traumatisé par ce qui s'est passé. J'ai rencontré les familles des victimes, qui sont bien entendu dans une immense souffrance et on sent qu'il y a une très grande attente de tous de pouvoir comprendre.
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