Disparition de Lina : traces d'ADN, profil du suspect, recherches... Où en est l'enquête, un an après ?

Près d'un an après la disparition de Lina, le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier, a livré quelques précisions, jeudi 19 septembre, sur l'avancée de l'enquête. Il a notamment annoncé que l'ADN de l'adolescente de 15 ans, qui a disparu le 23 septembre 2023 sur une route départementale de la vallée de la Bruche (Bas-Rhin), avait été retrouvé, notamment sur des cordes, dans la voiture volée conduite par le principal suspect, Samuel Gonin. Un élément qui "tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée", selon le magistrat. Il a aussi précisé que tout tend "à démontrer l'implication de Samuel Gonin", qui s'est suicidé le 10 juillet à Besançon (Doubs). Voici ce qu'il faut retenir de cette conférence de presse très attendue.

L'ADN de Lina a été retrouvé sur des cordes

L'ADN de l'adolescente a été retrouvé sur des cordes dans le coffre de la Ford Puma volée et conduite par Samuel Gonin, le principal suspect, qui s'est suicidé depuis. L'ADN de l'homme aussi été retrouvé sur ces cordes. Ce qui "tend à démontrer qu'à un moment ou à un autre, Lina a été ligotée", selon le procureur de la République par intérim de Strasbourg, Alexandre Chevrier. Le magistrat a aussi expliqué que de l'ADN de contact de Lina avait été retrouvé sur la ceinture du véhicule et à plusieurs endroits.

Le sac à main de l'adolescente,"contenant diverses affaires, un miroir, des faux cils, de la colle à faux cils, la coque de son téléphone portable [son téléphone reste introuvable] et ses écouteurs", se trouvait en outre dans la boîte à gants. Plusieurs couteaux de cuisine ont aussi été retrouvés dans la voiture. En revanche, aucune trace de sang n'a été détectée dans le véhicule, qui a été saisi à Narbonne (Aude) à la suite d'un refus d'obtempérer de Samuel Gonin, en janvier. Les investigations vont se poursuivre pour déterminer la position de Lina dans le véhicule.

Deux autres ADN (un homme et une femme) ont également été découverts dans la Ford Puma. Le procureur a affirmé qu'il s'agissait de personnes que Samuel Gonin avait rencontrées plusieurs mois après les faits, dans le centre de la France.

Tout tend "à démontrer l'implication de Samuel Gonin", le principal suspect

Le procureur a longuement évoqué le principal suspect : Samuel Gonin, 43 ans, qui a mis fin à ses jours le 10 juillet à Besançon (Doubs). Après avoir mentionné l'ADN de Lina retrouvé dans la voiture ainsi que certaines de ses affaires, Alexandre Chevrier a affirmé que "tous ces éléments tendent à démontrer l'implication de Samuel Gonin dans la disparition Lina".

Le magistrat a affirmé que le suspect était assurément le conducteur de la Ford Puma, volée en août 2023 à Fribourg en Allemagne. Le véhicule a été géolocalisé "à proximité immédiate du lieu de disparition de Lina", le 23 septembre 2023. Samuel Gonin était seul, et les enquêteurs n'ont trouvé "aucun élément" qui indiquerait l'aide d'un complice. Selon le procureur, le suspect était "parfaitement responsable de ses actes".

Au moment de sa mort en juillet, le suspect n'était pas au courant que la Ford Puma avait été saisie par les enquêteurs, a aussi précisé le magistrat, assurant que le suicide de Samuel Gonin "ne fait aucun doute". Le procureur a aussi évoqué les derniers écrits du suspect avant sa mort. "Aucun ne fait référence à la disparition de Lina."

Sur son profil, le procureur a évoqué un homme, père de deux enfants, qui menait une vie d'errance et consommait une forte quantité de stupéfiants. Il a aussi dit que le quadragénaire était poursuivi pour deux vols avec violence commis en août 2023 à Besançon (il avait aussi été condamné à quinze mois de prison avec sursis pour son refus d’obtempérer à Narbonne). Le procureur a enfin précisé que le suspect a tout fait pour se rendre "indétectable". Après la disparition de Lina, Samuel Gonin n'utilisait plus de ligne téléphonique et avait désactivé le GPS de la Ford Puma.

La présence du suspect dans le Bas-Rhin reste inexpliquée 

Le procureur n'a pas donné d'explications quant à la présence de Samuel Gonin dans cette zone reculée du Bas-Rhin, située à 60 kilomètres de Strasbourg. "Cette question demeure sans réponse, il n'y a aucune trace d'un quelconque lien avec Lina, son entourage ou des habitants du secteur."

"L'angle mort, c'est : 'Qu'est-ce que Samuel Gonin est venu faire là ?' Cette départementale [la D350, où Lina a été vue pour la dernière fois] n'est vraiment pas un axe de passage. Et aucun élément ne révèle qu'il connaissait cet endroit." Le magistrat a aussi reconnu qu'un "certain nombre de questions sont susceptibles de rester sans réponse du fait du décès de Samuel Gonin". Les enquêteurs, qui n'ont pas trouvé la trace d'un précédent passage de l'homme "dans le secteur", cherchent désormais à savoir "s'il a pu commettre d'autres faits délictuels ou criminels" lors de cette errance.

Les recherches se poursuivent

"Des moyens conséquents demeurent mobilisés" pour retrouver Lina, dont le corps n'a pas été localisé à ce jour, a assuré le procureur. Alors que des recherches avaient eu lieu dans le Grand Est fin juillet, d'autres opérations sont planifiées pour retrouver l'adolescente, mais le procureur n'a pas donné plus de précisions. Interrogé sur la possibilité de retrouver Lina, il s'est montré assez pessimiste. "En théorie, tout est possible, mais elle n'a pas donné signe de vie depuis un an."