Disparition de Lina : ce que l'on sait du principal suspect, Samuel G., et de son parcours

Cet homme de 43 ans s'est suicidé le 10 juillet après la saisie de la voiture dans laquelle a été retrouvé l'ADN de l'adolescente et qu'il aurait conduite.
Article rédigé par Catherine Fournier - avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
L'immeuble où vivait Samuel G., le suspect dans l'affaire de la disparition de Lina, à Besançon (Doubs), le 31 juillet 2024. (ARNAUD CASTAGNE / L'EST REPUBLICAIN / MAXPPP)

Son profil se précise peu à peu. Le principal suspect dans la disparition de Lina, cette adolescente de 15 ans qui s'est volatilisée le 23 septembre 2023 sur une départementale de la vallée de la Bruche (Bas-Rhin), est un homme de 43 ans, qui a mis fin à ses jours le 10 juillet à Besançon (Doubs). Autrefois inséré, comme le précise une source proche du dossier à franceinfo, Samuel G. s'est retrouvé impliqué dans des faits de délinquance et a par ailleurs fait des séjours en hôpital psychiatrique.

Alors que la deuxième journée de recherches dans les Vosges pour tenter de retrouver Lina s'est révélée infructueuse, mercredi 31 juillet, voici ce que l'on sait de cet homme. 

Un ancien menuisier, père de deux enfants

Né le 10 septembre 1980, Samuel G. a exercé les métiers de menuisier, enseignant en menuiserie dans un lycée professionnel et commercial. Il était séparé de la mère de ses deux fils, à qui il a adressé une lettre d'excuses et des courriers avant son suicide. "J'ai perdu mon honneur, ma dignité, mon humanité, je dois partir. Je ne sais pas me contrôler, ça va trop vite. Je souffre trop, c'est mieux ainsi", écrit-il dans ces derniers mots.

Selon un voisin interrogé par France 3 Bourgogne Franche-Comté, Samuel G. s'était installé au début de l'année 2024 dans un logement à Besançon dans lequel il avait vécu "il y a longtemps, quinze ans peut-être". A l'époque, "il retapait la maison avec son oncle, explique-t-il. Quand l'appart a été refait, il a habité en bas et il avait des petits gamins." "Il les amenait faire du vélo, il s'occupait de ses gamins, c'était un bon papa", affirme ce retraité, qui évoque une séparation conjugale et une garde alternée, avant son déménagement pour une autre adresse. 

Une bascule dans la délinquance en 2023

En 2023, Samuel G. cesse de travailler. Le 25 août de la même année, il commet deux vols avec violence.  Il s'empare du sac d'une femme de 90 ans, la faisant chuter et la blessant sérieusement. Elle se verra prescrire 42 jours d'incapacité temporaire totale (ITT), précise le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux, à l'AFP. Il soutire ensuite 400 euros à une caissière, sous la menace d'un couteau.

Samuel G. n'a aucun antécédent judiciaire au moment de ces faits, ajoute le magistrat. Près d'un an plus tard, le 12 juin 2024, le quadragénaire est placé en garde à vue dans le cadre d'une enquête pour séquestration. "Une femme toxicomane dépose plainte contre lui pour séquestration, mais les investigations démontrent rapidement que les affirmations de la plaignante – au travers des analyses de sa téléphonie notamment – sont erronées, et la garde à vue de cet individu va être levée", détaille Etienne Manteaux. Cependant, un enquêteur le voit dans les locaux du commissariat et reconnaît le voleur filmé par les caméras de surveillance le 25 août 2023.

Samuel G. est donc de nouveau interpellé le 17 juin et reconnaît les vols qui lui sont reprochés. Il est déféré le lendemain au parquet de Besançon qui opte, compte tenu du fait qu'il apparaît "extrêmement dépressif", pour une comparution différée, le temps d'effectuer une expertise psychiatrique. L'homme est placé sous contrôle judiciaire dans l'attente de sa comparution prévue le 22 juillet.

Diagnostiqué "état limite", il confiait avoir "disjoncté" 

Le 25 juin, Samuel G. s'entretient donc avec un expert-psychiatre, qui diagnostique un trouble de la personnalité limite, avec des symptômes dépressifs importants. Ce trouble se caractérise par un mode général d'instabilité du comportement (avec de l'impulsivité), de l'humeur, des relations et de l'image de soi. Il peut s'accompagner de comportements suicidaires et de consommation de psychotropes.  

Le suspect déclare avoir été hospitalisé au moins trois fois en milieu psychiatrique ces dernières années et avoir commis des tentatives de suicide. Il lui dit avoir "disjoncté" à partir de 2023, année qui correspond à ses passages à l'acte. "Je dégringole de plus en plus bas chaque fois", lui confie-t-il. L'expert relève qu'il consomme beaucoup de produits toxiques : alcool, cannabis et cocaïne. Dans son rapport, il fait état de sa "dangerosité".

Un suicide après la saisie d'une voiture qu'il avait conduite

Début janvier, Samuel G. est arrêté à Sigean (Aude) pour avoir refusé un contrôle douanier. Il conduisait une voiture signalée volée. Il est placé en détention provisoire, puis condamné quelques semaines plus tard à 15 mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Narbonne. Le prélèvement salivaire, réalisé lors de son interpellation, a également "mis en évidence la présence de cocaïne", selon le parquet de Narbonne.

Peu après, l'homme retourne vivre à Besançon. "Quand il est revenu, on a vu qu'il avait changé, souligne son voisin auprès de France 3. Il n'avait plus envie de causer." Il doit alors comparaître le 22 juillet pour les deux vols commis en août 2023. Mais le 10 juillet, le quadragénaire est retrouvé pendu chez lui.

Son suicide coïncide avec "une avancée majeure dans l'enquête", annoncée le 26 juillet par la procureure de la République de Strasbourg. Selon les informations de France Télévisions, les gendarmes s'intéressaient à une voiture qui avait été aperçue sur les lieux de la disparition de Lina. Le véhicule avait été retrouvé au printemps dans une fourrière du sud de la France. A l'intérieur, l'ADN de la jeune fille avait été identifié. Or, cette voiture est celle que Samuel G. conduisait lors de son arrestation dans l'Aude en janvier, selon une source proche du dossier à franceinfo. L'analyse des données du GPS de la voiture a conduit les enquêteurs dans une zone boisée des Vosges, où des fouilles sont menées depuis mardi. Elles doivent se poursuivre pour tenter de trouver un épilogue à cette affaire.

Dans un communiqué, le procureur de la République adjoint de Strasbourg a tenu à souligner qu'"il ne peut - à ce stade - être tiré de conclusions définitives" sur l'implication de Samuel G. dans la disparition de Lina. "Un important travail d'enquête reste à accomplir pour parvenir à la manifestation de la vérité", a souligné le magistrat.

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