Disparition de Maëlys : la semaine où la pression s’est accentuée sur le principal suspect
Des révélations de ses ex-petites amies, un étrange nettoyage de voiture, des chiens renifleurs intoxiqués... Ces derniers jours ont mis le suspect principal dans une posture délicate, sans pour autant le pousser aux aveux.
L'enquête piétine, mais les révélations se sont succédé depuis une semaine. La pression monte sur Nordahl L., le principal suspect dans la disparition de Maëlys de Araujo. Cet ancien militaire de 34 ans est accusé d'avoir enlevé la petite fille de 8 ans, introuvable depuis la nuit du 26 au 27 août, lors d'un mariage à Pont-de-Beauvoisin (Isère). Franceinfo revient sur les révélations qui font doucement avancer l'enquête.
Les ex-petites amies du suspect révèlent qu’il était violent
"Un homme violent, intimidant et menaçant avec les femmes qu’il a fréquentées." Nordahl L. est décrit comme tel par une source proche de l’enquête, auprès de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes, vendredi 22 septembre. Les ex-petites amies du suspect ont toutes avoué aux enquêteurs qu’il les harcelait. "Il les obligeait à faire certaines choses et les filmait sans leur consentement", précise la source à France 3. Le suspect aurait posté sur internet les vidéos de ces ébats. Les femmes concernées se sont rapprochées de l’avocat du suspect pour que les documents soient retirés du web.
Il a tenté de semer une filature de la gendarmerie
Le même jour, franceinfo révèle que le suspect avait été pris en filature par la gendarmerie avant sa garde à vue par des gendarmes en civil. Celui-ci les avait repérés et avait tenté de les semer en voiture. Ce comportement d'évitement peut aussi être lié à ses activités de trafic de stupéfiants : les enquêteurs savaient qu'il consommait et vendait de la cocaïne.
Le suspect aurait nettoyé sa voiture pendant plus de deux heures
Après le mariage, Nordahl L., a lavé son Audi A3 dans une station de lavage à l’entrée de Pont-de-Beauvoisin. Pour enlever d'éventuelles traces suspectes ? La vidéosurveillance est étudiée méticuleusement par les experts. Mercredi 27 septembre, Le Dauphiné Libéré affirme que l’opération a duré 2 heures 15, le dimanche en fin d’après-midi, soit moins de vingt-quatre heures après la disparition de Maëlys.
"Outre le coffre lessivé avec un produit décapant et lustrant pour jantes, qui a également le pouvoir de brouiller l’odorat des chiens [Nordhal L. est un ancien maître-chien dans l'armée], l’ex-militaire de Domessin insiste sur les poignées extérieure et intérieure de la portière côté passager, le tapis de sol, le siège, toujours côté passager", détaille le quotidien, citant une source proche de l’enquête.
Devant les enquêteurs, qui avaient déjà retrouvé des traces de l’ADN de Maëlys dans la voiture, le suspect a justifié ce lavage par la volonté de vendre son véhicule.
Le même jour, Le Parisien révèle un potentiel vice de procédure favorable au suspect. Sa première audition en garde à vue n'a pas été filmée par la brigade des Abrets-en-Dauphiné, contrairement à ce qui est prévu par le Code de procédure pénale.
Les chiens de la police intoxiqués en fouillant la voiture du suspect
Le lendemain, Le Parisien annonce que les deux bergers malinois utilisés par les enquêteurs pour fouiller la voiture du suspect ont été intoxiqués. Tombés malades, ils sont pris de vomissements. Cela pourrait correspondre à l'emploi d'un puissant détergent destiné à nettoyer le coffre de l'Audi A3. Les deux chiens du service central d’identité judiciaire d’Ecully (Rhône) étaient intervenus pour détecter les odeurs dans la voiture du suspect afin de déterminer si la fillette y était montée.
Les parents demandent au suspect d’avouer ce qu’il sait
Pour la première fois depuis le mariage, les parents de Maëlys prennent la parole publiquement. Jeudi 28 septembre, ils donnent une conférence de presse à Lyon. Une prise de parole tardive : "Nous souhaitions protéger notre vie privée comme celle de notre fille aînée et de tous nos proches", explique Joachim de Araujo, le père de Maëlys. La mère, Jennifer de Araujo, a ensuite appelé "toute personne susceptible d'aider les enquêteurs à se manifester rapidement. Aujourd'hui, un individu est suspecté, mis en examen par des juges qui ont donné des indices graves et concordants à son encontre (...). Nous lui demandons de dire tout ce qui s'est passé cette nuit-là et de coopérer avec la justice."
Les parents ne croient pas en la sincérité du suspect : "Au vu des dernières révélations du dossier et aussi de son attitude étrange lors du mariage, qui nous a interpellés, nous lui demandons de révéler ce qu'il sait. Son comportement depuis le début de l'enquête ne nous convainc pas de sa bonne foi et de sa volonté de participer sérieusement à l'enquête."
La mère du suspect annonce qu’elle va parler à son fils
La conférence de presse est suivie par Christiane L., la mère du suspect. Jointe par Le Parisien, elle réagit vendredi 29 septembre. "Dès que je pourrai aller voir mon fils en prison, je vais lui parler et lui dire 'Si tu as vu quelque chose, il faut le dire', déclare-t-elle au Parisien. Et s’il me lâche quelque chose, j’en ferai part, c’est sûr. J’en aurais trop sur la conscience de ne rien dire. Je comprends la souffrance des parents de Maëlys, je suis une mère avant tout."
Pense-t-elle son fils capable de parler ? "Peut-être, oui, je pense. Ce n’est pas quelqu’un sans sensibilité, au contraire. Nordahl a un cœur." Nordahl L. clame toujours son innocence devant les enquêteurs, malgré les éléments troublants ou incohérents relevés par les enquêteurs.
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