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Mort de Fiona : le procès en appel suspendu après de vifs échanges entre avocats

L'audience du procès en appel de l'affaire Fiona devant la cour d'assises de la Haute-Loire a été suspendue vendredi à 14h30. Il devrait reprendre lundi, à 9 heures, dans des conditions très particulières. 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Marie Grimaud et Rodolphe Constantino, avocats d'associations de défense de l'enfance, pendant le procès en appel de Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, le 10 octobre 2017.  (THIERRY ZOCCOLAN / AFP)

Coup d'éclat devant les assises de la Haute-Loire. Vendredi 13 octobre, le procès en appel de la mère de la petite Fiona, Cécile Bourgeon, et de son ex-compagnon, Berkane Makhlouf, jugés depuis lundi 9 octobre pour coups mortels, a été suspendu à la suite d'un vif incident d'audience entre les avocats.

Alors que les débats semblaient dans l'impasse, les accusés se renvoyant la responsabilité de la mort de la fillette, en mai 2013, les avocats de la défense ont claqué la porte du palais de justice. S'ils ne regagnent pas la cour d'assises, le bâtonnier devra désigner des avocats commis d'office et éventuellement ordonner le report du procès. Retour sur une audience mouvementée venue clôturer une première semaine de débats difficile. 

Un témoin connu des avocats de la défense 

Tout est parti de l'audition d'un témoin, Amar Bey, un toxicomane de l'entourage du couple Bourgeon-Makhlouf. Peu de temps après la disparition de la fillette, Amar Bey a été placé en garde à vue par les enquêteurs, qui ne savaient pas encore que Fiona était morte. Durant cette garde à vue, un avocat l'assiste : un certain Mohamed Khanifar, devenu depuis l'avocat de Berkane Makhlouf. 

Au moment d'interroger ce témoin à la barre, Marie Grimaud, avocate d'une association de protection de l'enfance, fait part de "sa difficulté avec ce témoin", rappelant l'épisode de la garde à vue. "Cela me pose un vrai problème", déclare-t-elle, laissant entendre que ce témoignage est sujet à caution, rapporte le journaliste de 20 minutes sur place. Cette déclaration fait bondir les avocats de la défense. 

A la reprise des débats dans l'après-midi, l'avocat de Berkane Makhlouf, Mohamed Khanifar, mais aussi ceux de Cécile Bourgeon, Gilles-Jean et Renaud Portejoie, interviennent pour expliquer que, leur probité ayant été mise en cause par Marie Grimaud, ils "ne [sont] plus en mesure de défendre [leurs] clients", déclare Renaud Portejoie. Il réclame les "excuses" de Marie Grimaud, estimant que celle-ci les a accusés de subornation de témoins.

Psychodrame à la cour

S'ensuit un étonnant ballet, décrit par une journaliste d'Europe 1 présente à l'audience. Marie Grimaud obtempère et prend la parole pour s'excuser : "Si mes propos ont été pris comme une atteinte à votre probité, là n'était pas leur sens", déclare-t-elle, sans parvenir à faire rester les avocats de la défense, qui remballent leurs dossiers et s'en vont. 

La séance est suspendue, laissant sur le carreau l'assistance ainsi que les deux expertes psychologues qui devaient être entendues dans l'après-midi. 

Une stratégie de la défense ? 

A la suite de cet incident, le président de la cour d'assises a été chargé de nommer des avocats commis d'office pour défendre Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, dépourvus d'avocats depuis leur départ fracassant. Or le président a nommé d'office les mêmes avocats. Comme le précise La Montagne, ils sont  donc "dans l'obligation d'assurer la défense de leurs clients sous peine de sanction émanant de l'ordre des avocats". 

Alors que l'audience doit reprendre lundi matin à 9 heures, Renaud Portejoie a d'ores et déjà déclaré que "les accusations n'émanent que d'un seul avocat et que la seule solution pour une reprise du procès lundi serait que cette avocate se retire", posant comme condition à la reprise des débats le retrait de Marie Grimaud. 

Pour certains journalistes, cette brouille entre avocats pourrait cacher une habile stratégie : "Si le procès est renvoyé, l'accusée a toutes les chances de comparaître libre au suivant. Est-ce un geste calculé par la défense ?" s'interroge le journaliste de La Montagne, tandis qu'une consœur de France Inter fait part du même sentiment.  

Pour Me Khanifar en tout cas, difficile de reprendre comme si de rien n'était : "Nous maintenir serait nous décrédibiliser. C'est un procès dans le procès. Il serait pour nous ensuite difficile de rester uniquement sur l'affaire Fiona." Joint au téléphone par le journaliste de France Bleu Pays d'Auvergne, Gilles-Jean Portejoie, un des avocats de Cécile Bourgeon, estime lui aussi que "le mal est fait, on est au point de non-retour". Il se défend toutefois d'avoir cherché à perturber intentionnellement le procès. "On n'a pas cherché l'incident, on ne peut pas venir plaider devant ces jurés", assure-t-il, avant de réclamer un nouveau procès "devant une autre juridiction".

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