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Meurtre d'Alexia Daval : la stratégie des enquêteurs "était la bonne"

Jean-Marc Bloch l'ancien chef de la PJ de Versailles a affirmé, mardi, sur franceinfo, que les enquêteurs ont bien fait "de ne pas se précipiter" dans l'enquête sur la mort d'Alexia Daval en Haute-Saône.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marc Bloch, ancien chef de la PJ de Versailles, affirme que la stratégie des enquêteurs était la bonne pour rechercher le responsable de mort d'Alexia Daval. Ci-contre, la procureure de Besançon tient une conférence de presse, le 30 janvier 2018, aux côtés des responsables de la section de recherche de la gendarmerie de Besançon et de la gendarmerie de Haute-Saône. (SEBASTIEN BOZON / AFP)

Le mari d'Alexia Daval, Jonathann Daval, a été mis en examen mardi soir pour "meurtre sur conjoint" après avoir avoué être responsable de la mort de la jeune femme fin octobre en Haute-Saône. 

>> DIRECT. Meurtre d'Alexia Daval : après ses aveux, Jonathann Daval a passé sa première nuit en détention

Pour Jean-Marc Bloch, ancien chef du service régional de la Police judiciaire de Versailles (Yvelines), interrogé par franceinfo, la stratégie des enquêteurs a été la bonne dans cette affaire, mais l'attitude des avocats de Jonathann Daval reste une première à ses yeux.

franceinfo : Les enquêteurs étaient-ils depuis longtemps sur cette piste familiale ?

Jean-Marc Bloch : Vraisemblablement. Il y a globalement 600 à 700 homicides commis par an en France. La grande majorité c'est, si j'ose dire, "papa qui tue maman ou maman qui tue papa". Ce ne sont pas des homicides à énigme, c'est la plupart du temps des homicides de proximité. Là, c'est vrai que dès le début on sentait quelque chose de curieux, mais les enquêteurs ont attendu, et légitimement attendu, pour accumuler un certain nombre d'éléments avant de mettre le mari en garde à vue.

Le fait le plus troublant était l'absence totale de témoignage. Le fait que personne n'avait vu Alexia Daval partir faire son jogging ?

Il y a plusieurs choses qui sont extrêmement troublantes dans cette affaire. Les faits, sont hélas, un peu banals quelque part. Mais ce qui est troublant, c'est d'abord le fait que le mari ait tenu pendant trois mois un rôle un peu curieux et puis ce qui s'est passé aujourd'hui : les avocats qui se font plus procureurs qu'avocats. La médiatisation d'une affaire a transformé la manière qu'enquêter. Le secret de l'instruction n'existe plus, tout est sur la place publique très, très rapidement.

Jonathann Daval était-il dans le déni ?

C'est pour échapper à ses responsabilités, il y a deux personnalités. Il a probablement commis un meurtre et il est éploré. Mais ça, on le voit beaucoup quand on intervient. Quand on est appelé pour un homicide et qu'on arrive sur place, l'auteur est encore sur place et il pleure déjà en disant "mais qu'est-ce que j'ai fait, c'est une connerie énorme, je le regrette". Là c'est presque ça, mais ce qui est curieux c'est qu'il arrive pendant trois mois à avoir une double personnalité. Pour les avocats c'est extrêmement difficile.

En quoi était-ce difficile pour les avocats de Jonathann Daval ?

Les avocats sont au départ des avocats d'une partie civile, c'est-à-dire d'un proche d'une victime et puis d'un seul coup ce proche devient l'auteur probable. Alors il faut complètement renverser la vapeur et il s'est passé quelque chose de très curieux : les avocats se sont presque transformés en accusateurs. On avait comme l'impression qu'ils étaient eux-mêmes en garde à vue et d'un seul coup ils ont avoué. On avait l'impression que les avocats étaient sincères au début et qu'ils se sont aperçus qu'ils s'étaient trompés. C'est une première. C'est la justice en direct quelque part, c'est une garde à vue en direct.

À l'inverse, les enquêteurs ont été beaucoup plus discrets, c'était ça la stratégie ?

On sait que la garde à vue en principe n'amène pas d'éléments déterminants, il faut déjà avoir toutes les pièces avant de mettre quelqu'un en garde à vue. C'est donc la bonne stratégie. Il ne faut pas se précipiter.

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