Disparition d'Estelle Mouzin : trois questions sur l'enquête qui relance la piste Fourniret
La nouvelle juge d'instruction en charge du dossier a décidé de faire appel aux gendarmes pour renforcer les policiers.
Seize ans après, l'enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin est-elle relancée ? La nouvelle juge d'instruction nommée dans l'enquête sur la disparition d'Estelle Mouzin a désigné des gendarmes, afin qu'ils explorent la piste du tueur en série Michel Fourniret, a appris mercredi 9 octobre franceinfo de source proche du dossier, confirmant une information de RTL.
Agée de 9 ans, la fillette avait disparu un soir de janvier 2003, tandis qu'elle rentrait de l'école à Guermantes (Seine-et-Marne). Son corps n'a jamais été retrouvé. Retour sur un nouveau tournant dans cette longue investigation.
1Pourquoi la juge a-t-elle décidé de faire appel aux gendarmes ?
La nouvelle juge d'instruction en charge du dossier depuis juillet 2019, Sabine Kheris, estime que la piste Michel Fourniret n'a pas été suffisamment creusée dans cette enquête. D'où, explique RTL, sa décision de changer d'enquêteurs : "Les gendarmes vont venir renforcer les policiers pour mener l'enquête. Ils ont pour mission de se concentrer exclusivement sur l'hypothèse Fourniret et de tout revoir avec un œil neuf".
La famille de la fillette partage cet avis. Pour les parents d'Estelle, les enquêteurs de la police judiciaire de Versailles qui étaient en charge de l'enquête ont trop vite abandonné la piste Michel Fourniret. Ils se battent depuis des années pour qu'elle soit davantage explorée. "C'est une très bonne nouvelle, s'est réjoui l'un des avocats, Didier Seban, joint par franceinfo. La piste la plus sérieuse va être enfin investiguée".
2Pourquoi la piste Fourniret est-elle à nouveau suivie ?
"Si la juge souhaite explorer cette piste jusqu'au bout, c'est aussi parce qu'elle connaît bien le tueur des Ardennes. Elle dirige en effet d'autres enquêtes qui le concernent", explique encore RTL. Sabine Kheris mène l'enquête relative à deux meurtres tardivement reconnus par Michel Fourniret, ceux de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce, détaille L'Union.
Début 2007, la police avait une première fois mis hors de cause "l'ogre des Ardennes" dans l'affaire Estelle Mouzin. Six ans plus tard, l'expertise de milliers de poils et cheveux prélevés dans sa voiture n'avait pas non plus permis de trouver de traces de la jeune fille. Interrogé par les enquêteurs fin 2017, Michel Fourniret avait une nouvelle fois affirmé n'avoir "rien à voir avec l'affaire" Mouzin. Face aux policiers de la PJ de Versailles, qui l'avaient déjà entendu à trois reprises dans le passé sur ce dossier, il a toujours contesté son implication.
Mais, en mars 2018, Corinne Herrmann, l'une des avocats du père de la fillette, avait affirmé que le tueur en série avait livré des "aveux en creux" sur son implication dans cette disparition, dans le cadre d'auditions relatives aux meurtres de Joanna Parrish et Marie-Angèle Domece. "Il n'a pas nié son implication alors que depuis des années, il se met en colère lorsqu'on lui parle d'Estelle Mouzin", avait déclaré l'avocate à franceinfo. Toutefois, des fouilles sur un terrain ayant appartenu au tueur en série à Floing (Ardennes), menées en décembre 2018, n'ont pas abouti.
3Pourquoi l'enquête a-t-elle été dépaysée à Paris ?
En juillet 2019, la Cour de cassation a accepté de dépayser les investigations, auparavant conduites à Meaux (Seine-et-Marne), après la réouverture de la piste Fourniret. La requête émanait de la procureure générale de Paris et était motivée "par le souci de favoriser la manifestation de la vérité". Ce dépaysement a permis de confier l'enquête à une juge bonne connaisseuse du dossier Fourniret.
"C'est l'aboutissement d'un long combat de plus de quinze ans pour que l'affaire soit instruite sérieusement et que la piste de Michel Fourniret soit enfin investiguée", s'était alors félicité Didier Seban, l'un des avocats du père d'Estelle Mouzin, rappelant avoir déjà demandé un dépaysement il y a plusieurs années. "L'espoir revient que des moyens seront mis pour que soient élucidées les conditions de la disparition d'Estelle Mouzin", a-t-il ajouté.
Agé de 77 ans, Michel Fourniret a été condamné en 2008 à la perpétuité incompressible pour sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes entre 1987 et 2001, précédés de viol ou tentative de viol. Son ex-femme, Monique Olivier, dont il a divorcé en 2010, avait quant à elle été condamnée à la perpétuité assortie d'une peine de sûreté de 28 ans, pour complicité dans quatre des meurtres et le viol en réunion d'une jeune fille. Le 16 novembre 2018, il a été à nouveau condamné à la perpétuité pour l'assassinat en 1988 de Farida Hammiche, dont le corps n'a jamais été retrouvé, et elle à 20 ans de réclusion criminelle.
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