"Un coup de com'" : les députés locaux de l'opposition critiquent la visite surprise d'Emmanuel Macron à Marseille
Une visite surprise. Le chef de l'État s'est rendu mardi 19 mars à Marseille et assure vouloir "rendre la vie impossible" aux trafiquants de drogue. Emmanuel Macron a notamment annoncé le déploiement d'opérations "Place nette XXL" comme celle en cours dans la deuxième ville de France qui a conduit à 82 interpellations en 24 heures.
À l'Assemblée nationale, les députés de la majorité font le service après-vente et saluent la visite d’Emmanuel Macron chez eux à Marseille. Mais, il reste des interrogations. "Monsieur le Premier ministre, pouvez-vous indiquer à la représentation nationale l'esprit de ces opérations place nette ? Les résultats déjà observés et ceux attendus ? Tous les Marseillais ont besoin d'être rassurés", demande Lionel Royer-Perreaut, député Renaissance de la 6e circonscription des Bouches-du-Rhône lors des questions au gouvernement. "Nous ne faiblirons jamais, nous ne renoncerons jamais, répond le Premier ministre Gabriel Attal. Nous n'aurons jamais la main qui tremble. La lutte contre les trafiquants est une priorité. C'est même un devoir national."
"On ne réglera pas cette question simplement avec un déplacement du président"
Des propos martelés un peu plus tôt par Emmanuel Macron, lui-même, aux habitants de la cité de La Castellane dans la journée. "C'est un coup de com' et je pense qu'il est très clairement en campagne pour les européennes, déplore le député Insoumis Sébastien Delogu, dont la circonscription comprend une partie des quartiers nord de Marseille. Dès que la police sera partie, le trafic reprendra sa place, c'est sûr et certain. Cela fait déjà huit ans qu'ils sont au pouvoir et qu'ils essayent de faire des efforts sur l'aspect sécuritaire. Mais ce n'est pas que sur cet aspect qu'il faudrait marteler, mais également sur les problèmes de logement ou d'emploi. Après, on se retrouve avec des gens qui aujourd'hui ont besoin de trafiquer pour pouvoir s'en sortir dans la vie. C'est dramatique. Ce qui m'importe, moi, c'est qu'il traite les causes qui amènent justement à toutes ces conséquences."
Un déplacement qui ne changera rien pour le député communiste Pierre Dharréville de la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, qui comprend Martigues, pas très loin de Marseille : "On ne réglera pas cette question en un jour, simplement avec un déplacement du président de la République. Il faut évidemment avoir des services publics, de la police et de la justice qui soient à la hauteur. Or, quand je vois un ministre de l'Économie qui nous annonce des cures d'austérité à tour de bras, avec des milliards d'euros dont il faudra se passer dans les mois qui viennent, ça m'inquiète."
La solution pour le Rassemblement national qui progresse dans la deuxième ville de France : durcir encore plus. Franck Allisio, député RN de la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, remet en cause le bien-fondé de la visite d'Emmanuel Macron : "Tout ça pour quoi ? Tout ça pour aller discuter avec un charbonneur, c'est-à-dire un dealer, tout ça devant des policiers. Tout ça n'a aucun sens. Si encore il y avait des moyens employés à Marseille, comme déclarer l'état d'urgence locale sur des quartiers de la ville pour vraiment faire bouger les choses, mais rien n'est fait. Et le président fait encore du tourisme électoral et politique. Les Marseillais méritent mieux." Le RN local qui travaille, selon nos informations, sur un programme à opposer à celui du président - "Marseille en grand" -, il s’appellera "Marseille en ordre".
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