Hollande : "L'armée n'a pas sa place pour contrôler des quartiers de notre République"
François Hollande et Manuel Valls ont exclut toute intervention de l'armée à Marseille, ainsi que le réclamait la sénatrice socialiste Samia Ghali.
SECURITE - C'est une fin de non-recevoir. François Hollande et le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, ont tous deux rejeté, jeudi 30 août, l'idée d'une intervention de l'armée à Marseille (Bouches-du-Rhône) pour mettre fin à la série de règlements de comptes qui sévit depuis le début de l'année. Dernier en date, un homme de 25 ans qui a été assassiné dans son véhicule dans la nuit de mercredi à jeudi. C'est le 19e meurtre de ce genre dans le département depuis le début de l'année.
La sénatrice socialiste Samia Ghali avait pourtant réclamé cette option le jour-même dans un entretien à La Provence. Elle estime qu'il "n'y a que l'armée qui puisse intervenir" contre ces violences.
Laisser faire "la police et la justice"
Après les déclarations de Samia Ghali, le ministre de l'Intérieur a affirmé jeudi qu'il était contre l'idée d'envoyer des militaires régler le problème de la criminalité dans la cité phocéenne.
"Il est hors de question que l'armée puisse répondre à ces drames et à ces crimes. Il n'y a pas d'ennemi intérieur" à Marseille, a-t-il expliqué devant la presse. Il a par ailleurs prôné "une réponse globale, en profondeur et particulièrement forte" à la criminalité.
François Hollande a rejeté lui aussi cette option. En marge de sa rencontre à Madrid avec le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, il a précisé que "l'armée n'a pas sa place pour contrôler des quartiers de notre République" et ajoute que "c’est à la police et la justice qu'il appartient d’y lutter contre la criminalité".
Un conseil interministériel convoqué la semaine prochaine
Pour éviter de "laisser les choses dériver" à Marseille, Jean-Marc Ayrault a convoqué un comité interministériel, prévu le 6 septembre à Matignon. Il réunira notamment le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, Christiane Taubira (Justice), Vincent Peillon (Education), François Lamy (Ville), Pierre Moscovici (Economie et Finances) et la marseillaise Marie-Arlette Carlotti (Lutte contre l'exclusion).
L'armée pour "bloquer l'accès des quartiers"
Mais "les tueries qui se succèdent à Marseille deviennent une attraction médiatique nationale", déplore Samia Ghali, également maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, qui recouvrent des quartiers sensibles du nord de la ville.
L'intervention de l'armée aurait, selon elle, un double avantage. "Pour désarmer les dealers d'abord. Et puis pour bloquer l'accès des quartiers aux clients comme en temps de guerre, avec des barrages."
Elle réclame aussi le rétablissement d'une "forme de service militaire qui permettrait à des jeunes déscolarisés, sans emploi, sans formation de sortir de leur quartier, et même de quitter Marseille pour huit mois, un an".
"Marseille n'a pas besoin d'un appel à la guerre civile"
Dans un communiqué, le sénateur-maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a condamné des propos "irresponsables" et ajouté que "Marseille a besoin de renforts de police, pas d'un appel à la guerre civile". Il ajoute que "les règlements de comptes qui se sont déroulés ces derniers mois, sur fond de trafic de drogue, (…) montrent que 'la guerre des cités' se poursuit et s'amplifie dans la deuxième ville de France".
Samia Ghali, elle, annonce que "si rien ne bouge, on se dirige tout droit vers un système à l'américaine avec des gangs qui se font la guerre sur des territoires où la loi n'a plus cours". Elle dit ne pas supporter "ces pseudo-gauchos-intellos-bobos qui vous disent que fumer un chichon ce n'est pas grave. Moi, j'ai grandi dans une cité, je sais ce que c'est que les dégâts de la drogue".
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