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Criminalité à Marseille : les "jobbeurs", les jeunes intermittents du trafic de drogue, sont aussi des "victimes" pour le procureur Nicolas Bessone

Le procureur dit avoir demandé l'ouverture d'enquête pour "traite d'êtres humains" concernant ces jeunes recrutés dans toute la France via les réseaux sociaux pour prendre part au trafic de stupéfiants à Marseille.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un guetteur surveille les allées et venues dans la cité de La Castellane à Marseille, en février 2018. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Au tribunal de Marseille, les "jobbeurs" se succèdent lors d'audiences en comparution immédiate pour répondre de leur "travail" comme guetteurs, vendeurs ou parfois même tueurs à gages. Des jeunes sont recrutés sur les réseaux sociaux pour participer au trafic de drogue à Marseille. "J'ai demandé" l'ouverture d'enquêtes "pour traite d'êtres humains", annonce le procureur de Marseille Nicolas Bessone, considérant les jobbeurs aussi comme "des victimes".

"Je suis très inquiet, car même si cela reste des auteurs et des personnes qui ont une complaisance coupable avec des choses qui sont illicites, tout autant ce sont des victimes", estime Nicolas Bessone. Pour le procureur de Marseille, ils sont victimes d'une forme d'esclavagisme moderne : "Ils sont précarisés, ils sont isolés, ils peuvent être torturés, ils peuvent ne pas être payés. On est dans le sordide le plus complet. Et puis c'est de la chair à canon pour les réseaux. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs les jeunes Marseillais ne veulent plus être sur les points de deal, parce qu'ils savent le risque. Ce n'est pas simplement un risque en termes d'incarcération, c'est un risque vital qui est engagé."

Nicolas Bessone a donc "demandé à [s]es collègues et aux services de police de poursuivre bien évidemment les auteurs du trafic, dont ces jeunes font partie, mais également d'ouvrir parallèlement des enquêtes pour traite d'êtres humains". Il précise qu'il faut "lutter férocement contre les têtes de ces réseaux qui profitent finalement de ces jeunes qui, je le répète, gardent une responsabilité. Le jeune qui parle, si on le rattrape, on le poursuivra. Mais il est aussi victime. Il faut être totalement objectif."

La féminisation des "jobbeurs"

Sur les profils de ces jeunes, il y a essentiellement des hommes, mais on constate aussi "un phénomène inquiétant" selon le procureur, qui est la "féminisation des trafics" : "On a eu quelques affaires récentes qui ne manquent pas de nous inquiéter puisqu'on a des femmes entre 20 et 30 ans qui vont être des logisticiens, qui vont organiser des règlements de comptes, qui vont participer à des importations massives de drogue. Plutôt des personnes marseillaises, qui prennent soit la place, soit les rangs des hommes parce qu'ils sont empêchés, parce qu'ils sont en fuite ou parce qu'ils sont incarcérés."

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