Confrontation Rondot-Villepin : parole contre parole
Il était chef du gouvernement (2002-2005) – avant que Dominique de Villepin ne lui succède à Matignon – au moment où le scandale éclate. Mais Jean-Pierre Raffarin affirme n’avoir jamais été au courant de rien. Et c’est ce qu’il est venu répéter devant la 11e chambre correctionnelle. "La seule chose que je puisse dire de manière nette, c'est que quand Nicolas Sarkozy a appris que son nom figurait sur les listings, il était très sincèrement furieux", confiait l’ancien Premier ministre avant l’ouverture du procès.
Puis, autre temps fort de cette journée, viendra la première confrontation directe entre le général Rondot et les prévenus, et tout particulièrement Dominique de Villepin. Une confrontation générale qui intervient deux jours après l’audition-marathon de l’ancien agent du renseignement : huit heures d’audience durant lesquelles le vieux général, âgé de 73 ans, est resté droit dans ses bottes, enchaînant les affirmations embarrassantes – plus qu’accablantes – au sujet de Dominique de Villepin.
Parole contre parole
Oui, Villepin a su beaucoup plus tôt qu’il ne le dit, que Sarkozy était impliqué dans le scandale. Oui encore, Villepin a bel et bien donné à l’ex-agent de renseignement un ordre d’enquêter signé Chirac. Oui enfin, Villepin est bel et bien intervenu en faveur du falsificateur Imad Lahoud pour le faire sortir fissa de garde à vue, affirme Rondot.
Pour la première fois, les deux hommes se feront face. Et ce sera parole contre parole. D’un côté, le général et ses petits carnets sur lesquels il a tout noté du scandale, coup de fil après coup de fil, rendez-vous après rendez-vous. De l’autre, Dominique Galouzeau de Villepin, avec sa superbe et son aplomb, qui devrait de nouveau contester la valeur de ces carnets, "anachroniques (…) de vulgaires salmigondis, en rien des comptes-rendus fidèles".
_ Lors de leurs auditions respectives en solo – Villepin mercredi dernier, Rondot lundi – les deux hommes ont montré leur solidité.
Face à face sur le champ de bataille aujourd’hui, ils sont cependant d’accord sur un point. Un point essentiel : au moment où les faits sont dénoncés, Dominique de Villepin ne sait pas que les listings sont des faux. En la circonstance, il devient donc difficile de le condamner pour dénonciation calomnieuse, son principal chef de renvoi devant le tribunal correctionnel.
Matthieu Aron, Gilles Halais
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