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Colère des syndicats pénitentiaires : Rachida Dati "nous a snobés encore une fois"

Les principaux syndicats pénitentiaires avaient rendez-vous au ministère de la Justice hier matin pour évoquer la recrudescence des suicides en prison. Mais ils sont ressortis en colère. Ils n'ont pas été reçus par la garde des Sceaux Rachida Dati.
Article rédigé par franceinfo
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Série noire dans les prisons de l'Est de la France. Quatre détenus se sont suicidés ce mois-ci. Des cas qui n'ont pas forcément de rapport direct mais qui posent question sur les conditions de détention et surtout d'encadrement des prisonniers les plus fragiles psychologiquement.

Au total, 90 détenus ont mis fin à leurs jours dans les prisons françaises depuis le début de l’année, soit une hausse de près de 20% par rapport à l'an passé à la même époque, selon l'Observatoire international des prisons (OIP).

Le ras-le-bol des surveillants... et des magistrats

Les principaux syndicats pénitentiaires avaient rendez-vous avec Rachida Dati hier matin au ministère de la Justice pour parler justement de cette recrudescence inquiétante. Ils ont été reçus par le directeur de cabinet de la Garde des Sceaux, qui leur a fait des propositions de travail. Le ministère a également annoncé la création d'un "bureau de l'action sociale" au sein de l'administration pénitentiaire et le lancement d'un audit établissement par établissement.

Mais l’absence de la ministre de la Justice à cette rencontre a suscité la colère des organisations syndicales. " Elle nous a snobés encore une fois aujourd’hui ", a lancé Christophe Marquès, délégué FO Pénitentiaire. FO, la CGT et l'UFAP, qui ont décidé d'engager une action commune des surveillants de prison, à partir du 13 novembre prochain, pour protester contre la politique de la ministre qui selon eux, laisse les centres de détention à l'agonie sans rien faire. Ils dénoncent notamment la surpopulation carcérale, le manque de moyens et de personnels.

Un peu plus tard dans la journée, ce sont les magistrats qui ont manifesté leur mécontentement. Alors que la ministre de la Justice avait effectué dans l'après-midi un déplacement à Metz non annoncé pour "dialoguer" avec eux, ils l'ont accueillie avec des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: " Justice bafouée, démocratie en danger ".

"Ce boycott est le symbole de la frustration actuelle de la magistrature et du mépris dans lequel elle est tenue", a déclaré Benoît Devignot, délégué régional de l'Union syndicale de la magistrature (USM).
A l'appel de leurs deux principaux syndicats, les magistrats ont prévu une journée nationale d'actions jeudi contre la politique de la Garde des Sceaux.

Les prisons françaises connaissent une surpopulation jugée dramatique par les professionnels et les observateurs (63.185 détenus au 1er octobre pour moins de 51.000 places).

Cécile Mimaut, avec agences

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