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Clearstream : Villepin tente de convaincre

C'est la première fois que l'ancien Premier ministre était interrogé sur son rôle dans l'affaire. Il nie toujours, de façon calme et précise, toute implication dans un quelconque complot, se dit victime d'une machination... Compte-rendu d'audience.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (Radio France ©REUTERS/Gonzalo Fuentes)

A son arrivée au Palais de Justice, nouveau discours de Dominique de Villepin devant les caméras : il dénonce "les mensonges, les manipulations", et il promet "d'apporter la vérité".
_ Pour être honnête, il n'est pas certain qu'on y soit parvenu...

Car durant son interrogatoire, l'ancien Premier ministre répond de façon certes très précise, son discours est millimétré et très cohérent, son système de défense est finalement très simple : il se résume en une phrase "je n'ai rien fait"... Mais en face, il y a le dossier d'instruction, et de nombreuses contradictions sont apparues pendant cet interrogatoire.

Le président du tribunal s'intéresse par exemple à la première réunion où est présent Dominique de Villepin, le 9 janvier 2004. Le général Rondot est présent, lui aussi, il prend des notes... Et selon son verbatim, il a beaucoup été question, ce jour-là, de Nicolas Sarkozy.
Réponse de Villepin, très ferme : "je n'ai jamais cité ce nom en lien avec une organisation mafieuse, j'ai juste parlé du ministre de l'Intérieur". Question du président du tribunal : "pourquoi ne pas l'avoir prévenu, ce ministre de l'Intérieur, si vous découvrez un réseau de corruption ?" Explication embarrassée de Dominique de Villepin : "j'avais peur des rivalités, d'une guerre des polices... comme en Corse".
Le président du tribunal semble un peu sceptique...

Interrogé également sur les rencontres secrètes qu'a racontées Jean-Louis Gergorin, l'ancien Premier ministre s'énerve : "trop, c'est trop ! Qui peut croire que j'organiserais des rencontres secrètes au ministère de l'Intérieur ?"
Le problème, c'est que Gergorin a raconté par le menu ces rendez-vous, y compris les voitures du ministère de l'Intérieur venant le chercher en plein Paris, et tout cela semble assez crédible...
Villepin, agacé, finira par qualifier toute cette affaire de "bâton merdeux".

L'audition de l'ancien Premier ministre aura duré, au total, pas moins de huit heures.
_ Prochaine audience : lundi. Le tribunal entendra le général Rondot.

Matthieu Aron

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