Clearstream : la fin du duel Villepin/Sarkozy ?
Il y a des hasards du calendrier lourds de sens. Ce jugement intervient le jour du 55e anniversaire de Nicolas Sarkozy. Le Président, partie civile dans ce procès, qui avait promis de voir les responsables de l’affaire Clearstream pendus à "un croc de boucher" . Outre Dominique de Villepin, le mathématicien Imad Lahoud, l’ancien vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin, l’ancien consultant d'Arthur Andersen Florian Bourges et le journaliste Denis Robert sont les prévenus d’une affaire dont le scénario demeure flou.
Le tribunal correctionnel est parvenu à éclaircir certains points. Les fausses listes de comptes de la société financière luxembourgeoise accusant des personnalités, dont Nicolas Sarkozy, de détenir de l’argent sale à l’étranger, ont été fabriquées fin 2003. Imad Lahoud les aurait ensuite remises à Jean-Louis Gergorin. Lequel les aurait fait connaître à son ami Villepin.
Mais l’audience de l’ancien Premier ministre n’a pas permis de répondre à la question essentielle. Dominique de Villepin savait-il qu’il s’agissait de faux ou pas ? Selon le parquet, il aurait fermé les yeux, trop heureux de gêner Nicolas Sarkozy dans sa course à l’Elysée. Le procureur de Paris Jean-Claude Marin a donc requis 18 mois de prison avec sursis et une amende de 45.000 euros pour "complicité de dénonciation calomnieuse".
La dénonciation calomnieuse est un délit extrêmement difficile à établir. En effet, pour prononcer une quelconque condamnation, le tribunal doit être certain que le prévenu savait à 100% que les faits étaient faux au moment où il les a dénoncés. La Cour de cassation a rappelé à plusieurs reprises que le délit de dénonciation calomnieuse exigeait, pour être constitué, la constatation de la "mauvaise foi".
_ Le statut juridique de Nicolas Sarkozy a également fait débat. Sa constitution de partie civile est vue comme un abus de pouvoir par la défense de Dominique de Villepin, notamment parce que le président est garant de l'indépendance de la magistrature aux termes de la Constitution.
Dans une vidéo diffusée sur le site de son club politique, Dominique de Villepin affirme attendre la décision du tribunal correctionnel de Paris "avec la sérénité de celui qui n’a rien à se reprocher". "Que la justice fasse son travail et dise ce qu’elle pense", s’est contenté de commenter le chef de l’Etat. Ce sera chose faite à partir de 10h30.
Caroline Caldier avec agences
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