Ce que l'on sait du viol, diffusé sur les réseaux sociaux, d'une adolescente de 16 ans dans l'Essonne
Deux suspects, également âgés de 16 ans, ont été mis en examen. Leur identité a été largement diffusée sur les réseaux sociaux.
Les images, insoutenables, ont choqué. Deux jeunes hommes de 16 ans ont été mis en examen et placés en détention, dimanche 22 décembre, pour "viol en réunion" et "enregistrement ou diffusion d'une image d'atteinte à l'intégrité d'une personne", après le viol d'une adolescente de 16 ans à Morsang-sur-Orge (Essonne). Une agression en partie filmée par ses auteurs puis partagée sur les réseaux sociaux, où des internautes ont entrepris de découvrir et diffuser les identités des suspects. Franceinfo vous résume ce que l'on sait de cette affaire.
Que s'est-il passé ?
Deux adolescents âgés de 16 ans ont été mis en examen et placés en détention, dimanche, pour "viol en réunion" sur une jeune femme du même âge. Les faits s'étaient produits jeudi 19 décembre à Morsang-sur-Orge (Essonne), affirme le parquet d'Evry à franceinfo.
Selon nos informations, la victime, originaire de la ville voisine de Grigny, a expliqué lors de son audition que l'un de ses agresseurs avait été son petit ami l'an dernier. Elle explique avoir été insultée, à son arrivée dans l'immeuble où se sont déroulés les faits, avant d'être violée par son ex-compagnon, puis par le deuxième jeune homme.
Dans une vidéo visionnée par France Bleu Paris, on entend deux jeunes hommes menacer la victime. Une deuxième séquence montre ensuite l'un d'eux en train de la violer, ce que la police décrit comme "un acte sexuel qui semble se produire sous la contrainte et la menace." Une scène filmée par le second adolescent. Tous deux ont également été mis en examen pour "enregistrement ou diffusion d'une image d'atteinte à l'intégrité d'une personne".
Comment les faits ont-ils été connus ?
La vidéo de la scène, qui dure au total 45 secondes, a été diffusée en ligne, et c'est par cet intermédiaire que les faits sont remontés à la police. Selon Le Parisien, les images, parfois floutées mais pas toujours, sont issues de Snapchat. Vendredi, la police nationale expliquait sur Twitter que les internautes étaient "nombreux" à lui signaler la séquence sur sa plateforme Pharos. Le lendemain, elle ajoutait que la vidéo avait été "diffusée en masse, hier [vendredi], sur les réseaux sociaux", invitant à ne pas la relayer.
Dans une interview au Parisien samedi, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a critiqué un de ces réseaux en particulier, Twitter, à qui elle reproche l'incapacité à lutter contre la diffusion de ces images : "Dès que j'en ai eu connaissance, j'ai immédiatement contacté Twitter pour qu'il la retire. Mais des copies circulent encore. Ce réseau social n'est pas à la hauteur, les criminels le savent, voilà pourquoi ils s'en servent."
Comment les suspects ont-ils été retrouvés ?
Samedi, la police nationale a annoncé l'interpellation des deux jeunes hommes "grâce à vos nombreux signalements Pharos", sans en dire davantage sur la façon dont ils avaient été identifiés. Mais dès vendredi, dans les commentaires du premier tweet de la police, des internautes diffusaient ce qu'ils présentaient comme les adresses, numéros de téléphone et profils Facebook des deux auteurs du viol et de la vidéo.
Selon nos informations, c'est un jeune pirate informatique de 16 ans, orginaire de Besançon, qui a découvert leurs identités. "On a commencé à enquêter, on a trouvé son snap, son prénom. Avec les prénoms et la ville, et avec des bases de données qu'on avait piratées bien avant, on a trouvé leur identité", explique-t-il à franceinfo. Il assume d'avoir utilisé de moyens illégaux pour cela : "On ne va pas se mentir, la justice est un peu lente dans ces histoires-là. Si on n'avait pas donné [leur identité], rien n'aurait avancé, en tout cas pas en si peu de temps. En une soirée, on a réussi à les retrouver."
Cette "enquête" des internautes ne s'est pas faite sans erreurs : selon Le Parisien, certaines des photos diffusées montrent par erreur un troisième homme qui ne semble pas impliqué. Les choses sont allées encore plus loin : samedi, une vidéo montrait des jeunes devant le domicile familial d'un des suspects, affirment l'AFP et Le Parisien.
Dans son tweet annonçant l'interpellation "rapide" des deux jeunes hommes, la police nationale a remercié les internautes qui lui ont signalé la vidéo, mais n'a pas expliqué si "l'enquête" des internautes avait contribué à l'identification des deux suspects. "Ça nous a bien aidés", affirme néanmoins une source proche de l'enquête à l'AFP. Pour autant, c'est quand leurs parents les ont conduits au commissariat de Juvisy-sur-Orge, vendredi soir, que les deux adolescents ont été interpellés. Les deux mis en examen n'ont pas de casier judiciaire. Ils ont seulement fait l'objet d'un rappel à la loi pour une affaire mineure en mars 2019. Selon nos informations, ils avaient subi des menaces après leur identification en ligne.
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