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Ce que l'on sait de la mort de la gendarme et judokate Mélanie Lemée lors d'un contrôle routier près d'Agen

Le suspect, au casier judiciaire chargé pour des affaires de stupéfiants et de délit routier, a été placé en garde à vue samedi soir.

Article rédigé par franceinfo
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Un gendarme se tient sur la D813, à l'endroit où Mélanie Lemée est morte deux jours auparavant, le 6 juillet 2020. (MEHDI FEDOUACH / AFP)

La gendarme et judokate Mélanie Lemée, 25 ans, a été tuée dans l'exercice de ses fonctions, samedi 4 juillet, dans la soirée, à Port-Sainte-Marie, près d'Agen (Lot-et-Garonne), après avoir été violemment percutée par un véhicule que les forces de l'ordre cherchaient à intercepter. Le conducteur a été interpellé et placé en garde à vue.

Que s'est-il passé ?

Selon un communiqué du ministère de l'Intérieur, vers 20h50, samedi, le conducteur d'une Renault Clio refuse de s'arrêter à un contrôle de la gendarmerie à Colayrac-Saint-Cirq, tout près d'Agen. L'homme fait ensuite "demi-tour devant un barrage tenu par la police". Et la gendarmerie met alors en place "un dispositif d'interception" sur la D813, à Port-Sainte-Marie, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Agen.

Face à ce contrôle, le conducteur "refuse à nouveau de s'arrêter, fait un écart pour éviter la herse déployée et quitte la chaussée", puis "heurte violemment" la gendarme, qui était sur le bas côté. L'enquête et les témoignages "permettent d'estimer" que le conducteur roulait plus de 130 km/h lorsqu'il a heurté la jeune femme, a indiqué lundi la procureure d'Agen, Manuella Garnier.

"Très grièvement blessée"Mélanie Lemée est décédée "quelques minutes plus tard", malgré l'intervention des secours"Après le choc, le véhicule a pris la fuite" mais "il a dû s'arrêter 400 mètres plus loin du fait du déclenchement des airbags", a ajouté la procureure. Le conducteur a alors tenté de s'enfuir à pied avant d'être arrêté.

Que sait-on du conducteur ?

Le suspect de 26 ans, au casier judiciaire chargé pour des affaires de stupéfiants et de délit routier, a été placé en garde à vue samedi soir. "Originaire du Lot-et-Garonne, sans profession, il a déjà été condamné à trois reprises, notamment pour des infractions à la législation sur les stupéfiants et (...) sur la circulation routière", selon la procureure.

En garde à vue, il a expliqué avoir refusé de s'arrêter "par le fait qu'il conduisait sans permis, sous l'emprise de stupéfiants, mais également par le fait qu'il venait de faire l'acquisition de 150 g de cocaïne". La procureure a confirmé qu'il transportait "165 g d'une poudre blanche", qui doit "être analysée, mais qui est vraisemblablement de la cocaïne". Des analyses de sang sont aussi en cours pour vérifier s'il avait bien pris de la drogue au moment des faits. 

Il a affirmé qu'il n'avait pas vu la victime et qu'il avait pensé que le choc était dû au dispositif d'interception.

La procureure Manuella Garnier

Même s'il conteste "toute intention d'homicide", "une information judiciaire sera ouverte par le parquet des chefs d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique, refus d'obtempérer aggravé par la mise en danger de la vie d'autrui, conduite sans permis, détention et transport illicite de produits stupéfiants en état de récidive légale", a énuméré Manuella Garnier, selon qui "un mandat de dépôt sera requis par le parquet" pour cet homme qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité. L'enquête a été confiée à la section de recherches de gendarmerie de Bordeaux.

Qui était la victime ?

La gendarme de 25 ans, Mélanie Lemée, était originaire de l'Orne. Célibataire et sans enfant, elle était une sportive accomplie, plusieurs fois sacrée championne de France militaire de judo dans sa catégorie (+78 kg)La jeune femme avait notamment représenté la France aux Mondiaux militaires de judo en 2016 en Suisse. Elle avait été affectée la même année à la brigade de proximité d'Aiguillon (Lot-et-Garonne), à quelques kilomètres du lieu où elle est morte samedi.

Un accompagnement psychologique a été mis en place auprès de ses collègues. "On le vit comme un véritable drame. C'était une gendarme très appréciée au sein du groupement. (...) C'était une jeune fille très engagée sportivement, c'était une combattante. C'était une gendarme extraordinaire", a indiqué le colonel Laurent Villieras, commandant du groupement de gendarmerie du Lot-et-Garonne.

Quelles sont les réactions ?

Sur sa page Facebook, le groupement de gendarmerie du Lot-et-Garonne s'est dit "meurtri" par le "décès en service" d'une "camarade" et a exprimé sa "profonde émotion". Sur Twitter, la gendarmerie nationale a fait aussi part de sa "vive émotion" et signifié son "soutien à la famille, aux proches et aux camarades" de la jeune militaire. 

Le Premier ministre Jean Castex a également exprimé "sa grande tristesse". Le nouveau chef du gouvernement a adressé son "sincère soutien" aux proches de la victime, ainsi qu'"à l'ensemble des forces de sécurité intérieures, mobilisées jour et nuit pour notre sécurité".

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat Laurent Nuñez ont fait part dans un communiqué de leur "profonde émotion". Les honneurs militaires lui seront rendus, a fait savoir la Place Beauvau.

Parmi les sportifs lui ayant rendu hommage, le judoka Teddy Riner a évoqué sur Twitter ses "pensées pour Mélanie Lemée, sa famille et ses proches". 

Une cagnotte en ligne à destination de sa famille a été lancée. Lundi après-midi, elle avait récolté plus de 9 500 euros. Devant la gendarmerie d'Aiguillon, des anonymes ont déposé des fleurs.

Selon la Direction générale de la gendarmerie nationale, la jeune femme est le deuxième gendarme mort dans l'exercice de ses fonctions en 2020. L'an dernier, six d'entre eux avaient perdu la vie dans le cadre professionnel.

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