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Ce que l'on sait de l'attaque qui a fait deux blessés devant la mosquée de Bayonne

Un homme a été interpellé lundi. Agé de 84 ans, il a été, par le passé, candidat du Front national aux élections départementales. Les deux victimes ont été gravement blessées et sont hospitalisées.

Article rédigé par franceinfo
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Des passants, des policiers et des membres des secours devant la mosquée de Bayonne, le 28 octobre 2019, après qu'un homme a ouvert le feu, blessant deux personnes par balles. (MAXPPP)

Un homme a grièvement blessé deux personnes, par balles, devant la mosquée de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), lundi 28 octobre. Ces deux victimes, âgées de 74 et 78 ans, ont été hospitalisées. La police a interpellé un homme suspecté d'être le tireur : un retraité de 84 ans, entraîné au tir sportif et anciennement candidat du FN aux élections départementales. La préfecture explique que le tireur a été surpris alors qu'il tentait d'incendier la porte du bâtiment, mais n'a pas commenté ses motivations. En attendant d'en savoir davantage, franceinfo résume les informations dont nous disposons à l'heure actuelle.

Comment s'est déroulée l'attaque ?

Dans un communiqué, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques est revenue sur le déroulement des faits. Vers 15h20, explique-t-elle, "un homme a tenté d'incendier la porte de la mosquée de Bayonne. Surpris dans sa tentative par deux personnes, l'homme leur a tiré dessus", les blessant gravement.

Le tireur a ensuite "incendié un véhicule automobile", ajoute la préfecture, avant de quitter les lieux. Un témoin sur place a raconté à France Bleu Pays Basque avoir découvert la scène et éteint le feu au niveau de la porte de la mosquée. Guidé par des cris, il a ensuite découvert le véhicule en flammes : "Il y avait quelqu’un en dessous. Je me suis approché de lui. Et je l’ai tiré avant que la voiture n’explose". Ce témoin explique avoir "essayé de faire des points de compression et [pris] soin de le garder éveillé" jusqu'à l'arrivée des secours. L'autre homme, touché au bras, "semblait aller mieux", explique-t-il.

Le tireur a été interpellé "rapidement" par la police nationale, "à son domicile", indique la préfecture. Situé selon France 3 à Saint-Martin-de-Seignanx (Landes), un commune située à moins de 10 kilomètres de la mosquée. Selon France Bleu Pays basque, il a tenté d'utiliser son arme – un pistolet Smith & Wesson – lors de son interpellation, avant d'être désarmé par un policier. Une bouteille de gaz a également été retrouvée dans la voiture.

Un périmètre de sécurité a été mis en place par la police sur le lieu de l'attaque. Selon la journaliste de France Bleu Pays basque sur place, il a été levé vers 18 heures, une fois les relevés effectués.

Qui sont les victimes ?

Les personnes touchées par les tirs, après avoir surpris le tireur tentant d'incendier la porte de la mosquée, sont deux hommes de 74 et 78 ans. Ils ont été "gravement blessés par balles", précise la préfecture, qui indique également qu'ils ont été "évacués vers le centre hospitalier de Bayonne". Une source proche de l'enquête assure à France Télévisions que le premier homme, blessé au cou, est dans un état réservé avec paralysies partielles probables de ses membres. Le second, blessé au bras avec blast sur la cage thoracique, est dans un état stationnaire, mais reste sous surveillance. 

Le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, a de son côté déclaré à France Bleu Pays Basque avoir reçu "des nouvelles rassurantes" des deux blessésOn ignore pour l'instant tout de leur identité. Par ailleurs, la préfecture a annoncé la mise en place de deux cellules d'urgence médico-psychologique, à la mosquée et à l'hôpital de Bayonne.

Qui est l'homme interpellé ?

Dans son communiqué, la préfecture s'est contentée d'indiquer avoir interpellé le tireur à son domicile, dans le département voisin des Landes. Selon les informations de France Bleu Pays basque et France Télévisions, il s'appelle Claude Sinké. Retraité de l'Education nationale, selon France Bleu Pays basque, il était tireur sportif, affirme une source proche de l'enquête à France Télévisions. Toujours selon France Télévisions, il n'avait pas d'antécédents judiciaires.

En 2015, le tireur avait été candidat du Front national aux élections départementales, dans le canton du Seignanx, dans les Landes. Claude Sinké n'avait pas été élu, son binôme étant arrivé en quatrième position au premier tour, avec 17,45% des suffrages.

Dans un communiqué, le Rassemblement national a confirmé que l'homme interpellé était bien l'un de ses anciens candidats. "A l'issue du scrutin, ce dernier a été écarté de sa fédération départementale", affirme le parti, "pour avoir tenu des propos jugés contraires à l'esprit et à la ligne politique du Rassemblement national." Le RN, qui ne précise pas quelle était la teneur des propos en question, assure qu'il n'est plus un de ses adhérents et qu'il n'a "depuis, plus participé à la moindre action du mouvement".

Selon les informations de France Télévisions, Claude Sinké a reconnu les faits. On ignore pour l'instant ses motivations. Une source proche de l'enquête explique à France Télévisions que Claude Sinké tient des propos confus en garde à vue. Son entourage dit de lui qu'il est "instable"

Le bâtonnier de Bayonne, Me Teddy Vermote, a indiqué à l'AFP que l'ordre des avocats avait reçu il y a quelques jours une lettre de Claude Sinké, également adressée au procureur de Dax (Landes) : "Ce monsieur voulait porter plainte contre le président Macron, c'était assez confus, il y avait plein de motifs", dont "non application des droits de l'homme".

Quelles sont les réactions ?

Sur Twitter, Emmanuel Macron a condamné l'attaque "odieuse" et assuré que tout serait mis en œuvre pour "punir" son auteur mais aussi "protéger nos compatriotes de confession musulmane".

La porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner ont tous deux exprimé leur "soutien à la communauté musulmane". Le secrétaire d'Etat auprès du ministère de l'Intérieur Laurent Nunez va se rendre sur place lundi soir, annonce la place Beauvau.

La présidente du Rassemblement national Marine Le Pen a également réagi sur Twitter, assurant que cet acte "inqualifiable" est "absolument contraire" aux valeurs de son parti, dont le tireur avait été membre. Elle a également choisi de qualifier cet attaque d'"attentat"

Le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, s'est rendu devant la mosquée. "Bayonne est une ville de tolérance", a-t-il déclaré, cité par France Bleu Pays Basque. Il s'est dit "sous le choc", et a dit estimer qu'il s'agissait, pour lui, "d'un attentat". Il a également annoncé que la ville mettrait une salle à disposition des fidèles de la mosquée le temps que les enquêteurs terminent leur travail sur le site.

"Avec le climat actuel de stigmatisation de l'islam et des musulmans, il ne faut pas s'étonner que de tels actes puissent arriver", a réagi auprès de l'AFP le président de l'Observatoire national contre l'islamophobie, Abdallah Zekri, également délégué général du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Une analyse partagée par le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, qui voit dans l'acte du tireur un "effet" du "harcèlement contre les musulmans", et appelle les personnalités publiques à "cesser d'encourager la haine".

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