Brouillard et vitesse en accusation au procès du carambolage de 2002 sur l'A10
Un épais brouillard et une vitesse excessive ont été mis en exergue lundi au premier jour du procès de dix conducteurs et routiers, jugés cinq ans après le carambolage de l'A10 en 2002, qui avait provoqué la mort de neuf automobilistes.
Pour la première fois dans ce genre d'affaires, le tribunal correctionnel de Poitiers a visionné un film en 3D qui retrace, en vingt minutes, l'enchaînement du drame.
"Il y a certes le brouillard, mais le carambolage s'est produit seulement dans un sens. Il y a donc des responsabilités humaines", a asséné à l'ouverture de l'audience la présidente du tribunal, Isabelle Fachaux.
"Ce n'était pas une fatalité. 26 véhicules sont parvenus à s'arrêter. Il y a le brouillard mais également la vitesse excessive", a affirmé le procureur Frédéric Fèvre, pour qui ce procès doit "servir d'action pédagogique pour les usagers de la route".
Le 5 novembre 2002, vers 09H30, un épais brouillard recouvre l'autoroute A10 (Bordeaux-Paris) à hauteur de Coulombiers (Vienne). Il oblige un automobiliste, qui périra avec sa femme dans les flammes, à ralentir. Il est percuté par l'arrière par un poids lourd. Un autre véhicule est heurté, une voiture prend feu... Tous les ingrédients d'une collision en chaîne sont réunis.
Onze autres voitures et deux camions parviennent à s'arrêter mais sont percutés à leur tour, ce qui provoque un second incendie et une nouvelle collision. Les secours relèveront neuf tués et 39 blessés dans les 58 véhicules impliqués, dont dix poids lourds.
Les neuf prévenus présents -un chauffeur russe était absent- ont revécu l'accident grâce à la diffusion d'un film en 3D, "une première en matière de carambolage," selon le procureur Frédéric Fèvre. "Avant, avec une maquette, vous aviez une vision statique. Là, avec ce CD-ROM, en images virtuelles, on voit la progression des véhicules et on obtient une meilleure conclusion", s'est-il félicité.
Ce film a été réalisé à partir des témoignages des personnes impliquées et de témoins, des conclusions d'experts chargés de l'analyse technique des véhicules et d'une reconstitution des faits. Il a permis de retenir la responsabilité de dix prévenus.
Les prévenus, dont certains ont perdu des proches dans l'accident, comparaissent pour "homicides involontaires et/ou blessures involontaires, défaut de maîtrise, non respect des distances de sécurité". Ils encourent de deux à cinq ans de prison et de 30.000 à 75.000 euros d'amende. Le procès doit durer jusqu'à mercredi.
"Je ne comprends pas ce qu'on me reproche", a lancé à la barre Franck Marreau, 74 ans, l'un des prévenus.
Plusieurs d'entre eux ont reconnu être toujours traumatisés cinq ans après l'accident. "Il faut qu'on en finisse. Il faut tourner la page. Je revis le drame encore trop souvent", a témoigné Sébastien Chatelet, ambulancier. "Aujourd'hui, lorsqu'il y a du brouillard sur la route, je freine", a déclaré un autre conducteur, Michel Lhéritier.
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