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Brice Hortefeux assigné en justice... par un policier

Le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a été assigné au tribunal pour "voie de faits" par un commandant de police, Philippe Pichon. Ce dernier accuse le ministère de l'Intérieur de maintenir illégalement des sanctions contre lui. Pour protester contre l'abus de fichage, il avait révélé à la presse les fiches de Johnny Hallyday et de Jamel Debbouze.
Article rédigé par franceinfo
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Un ministre de l'Intérieur traîné en justice par un policier. C'est un cas de figure peu banal que révèle le site d'information Rue89.

Philippe Pichon est commandant de police à Meaux, en Seine-et-Marne, et universitaire, spécialiste du droit. Il s'était fait connaître du public en publiant son livre, Le journal d'un flic, en 2007, témoignage sans concession de la vie d'un policier, qui lui a valu quelques ennuis avec sa hiérarchie. Mais le divorce entre le commandant et les hautes sphères policières est consommé, quand Philippe Pichon entreprend de protester contre le fichage et en particulier contre le fichier STIC (Système de traitement des infractions constatées), créé en 1994 par Charles Pasqua, qui répertorie les auteurs et les victimes d'infractions ayant donné lieu à des procédures pénales. Plus de 34 millions de personnes auraient le “bonheur”, souvent ignoré, d'être le sujet d'une fiche STIC.

Philippe Pichon estime que ce fichier va trop loin et qu'il tombe dans l'illégalité, entre autres, en ne tenant pas compte de la prescription, et en relatant des faits inexacts ou incomplets. Pour le prouver, il “sort” deux fiches de personnalités, Johnny Hallyday et Jamel Debbouze et les transmet au site bakchich.info. On y voit par exemple que la fiche de Johnny relate des faits mineurs remontant... à 1967, et que celle de Jamel est bourrée d'inexactitudes.

Ni une ni deux, le ministère se lance dans des procédures de sanctions, qui débouchent sur une mise à la retraite sans traitement. La justice passe, et casse les décisions de la place Beauvau. Le commandant est réintégré, mais avec un salaire tronqué d'un tiers (sans les primes), au motif qu'il serait sous le coup d'une suspension administrative “à titre conservatoire”. Philippe Pichon et son avocat accusent donc le ministère - et donc le ministre - de “voie de faits”, au motif qu'il cherche à contourner les décisions de justice qui ont levé les sanctions. L'audience aura lieu le 19 mai devant le tribunal de grande instance de Paris.

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