Bandes rivales : "Il y a tout un travail de dialogue" à faire dans les écoles

"Il y a tout un travail de dialogue et de prévention de la violence à faire au sein de l'école", a précisé sur franceinfo jeudi 25 octobre Cathy Latif, présidente de l'association Actions ré elles, qui regroupe des mères engagées contre les violences inter-quartiers dans le 19e arrondissement de Paris. Elle réagit à la mort cette semaine de deux adolescents dans des rixes dans l'est de Paris et à Sarcelles.

L'association a pour projet "d'intégrer les collèges" du 19e, pour pouvoir "discuter avec ces jeunes, les collégiens, essayer de les comprendre, parler, les écouter". Cathy Latif explique qu'elle "avait fait un petit diagnostic de la 6e à la 3e et ce qui ressortait le plus, c'est : 'On n'est jamais écouté'. Alors qu'ils ont des choses à dire ! On va commencer par là, puis travailler avec eux sur des actions de paix".

Personne "n'est à l'abri"

Ces deux nouvelles victimes sont une nouvelle "déception" pour cette mère de famille. "Je me dis qu'il faut vraiment que tout le monde se réveille, ça concerne tout le monde, car on n'est pas à l'abri, même si on fait tout pour nos enfants, on n'est pas à l'abri que notre enfant se retrouve dans une rixe et qu'il y perde la vie".

J'ai peur pour mes enfants

Cathy Latif

à franceinfo

Cathy Latif a même avoué parfois réfléchir à quitter son quartier. "Et puis je me dis : "Non, finalement je me sens bien dans mon quartier, j'ai grandi dans le 19e, alors je me dis qu'il va falloir se battre ! Ce qui a changé depuis, c'est la non-mixité. Quand j'étais à l'école, il y avait encore de la mixité. Aussi, avant, on avait peur des adultes, il y avait le respect de l'adulte qu'il n'y a plus aujourd'hui... On nous a enlevé l'autorité sur nos enfants", a-t-elle ajouté.

"Manque d'écoute" de la classe politique

Christophe Castaner, le nouveau ministre de l'Intérieur, s'est rendu jeudi dans le 19e arrondissement, où un jeune est mort en début de semaine. "C'est bien qu'il se déplace, mais il faut que les politiciens nous écoutent", a indiqué Cathy Latif, "ils se déplacent toujours quand il y a des choses, mais sont à mille lieux de connaître les vraies problématiques de la population". Pourtant, "il y a des médiateurs, plein d'associations qui agissent", mais d'après cette mère de famille, "c'est un problème identitaire pour les jeunes, de ne pas avoir de place dans la société, à la télévision, la population noire n'est pas représentée, ça fait partie des problèmes, puis il y a plein de facteurs : la pauvreté, l'injustice et le racisme. Ces trois facteurs emmènent les jeunes vers la délinquance".