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Attentats de Paris : et si c'était le début du déclin pour Daech ?

S'habituer à la menace terroriste, ce discours revient souvent ces derniers jours, avec le sentiment que nous entrons dans un long cycle d'attentats. Certains experts sont pourtant moins pessimistes. C'est le cas de Kader Abderrahim, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'islam radical. Pour lui, les attentats du 13 novembre pourraient marquer le début du déclin de Daech.
Article rédigé par franceinfo
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  (Des forces de sécurité iraquiennes tiennent un drapeau du groupe Etat islamique capturé au nord de Baghdad © Maxppp)

Les attentats de 13 novembre à Paris pourraient-ils marquer le début de la fin de Daech ? La question peut étonner, tant le choc provoqué par les récentes attaques est encore vivace. Pourtant, pour le chercheur Kader Abderrahim, Daech a commis une grave erreur stratégique le 13 novembre, qui pourrait provoquer "dans un premier temps son déclin, puis sa chute ".

"Une erreur d'analyse assez surprenante "

"Daech a commis une erreur d'analyse assez surprenante en s'attaquant à la société française dans toute sa diversité culturelle et sociale ; on l'a bien vu, les victimes étaient issues de toutes origines ", explique Kader Abderrahim. Cette attaque meutrière frappe donc tout le monde, et a eu pour effet une mobilisation de toute la société française, c'est là "la grande différence par rapport aux attaques de janvier ", ajouter le chercheur à l'IRIS et et spécialiste de l'islam radical. Il y a bien sûr eu quelques critiques ça et là mais globalement Kader Abderrahim constate que l'on "n'a pas entendu de note discordante ". 

"Daech n'est pas armée pour faire face à une guerre globale"

Au delà de cette erreur d'appréciation, c'est aussi l'entrée dans une "guerre globale" qui risque de sonner le glas de l'organisation Daech, insiste Kader Abderrahim. "Globalement, je crois que Daech a commis une très grave erreur et que c'est le début de son déclin, parce que cette guerre globale, Daech n'est pas armée pour y faire face, même si elle peut garder une capacité de nuisance par le terrorisme ."

"Globalement, je crois que Daech a commis une très grave erreur et que c'est le début de son déclin" (Kader Abderrahim)

S'attaquer aux causes du terrorisme 

L'axe Paris-Moscou suffira-t-il pour autant à éradiquer Daech ? Ces frappes ne seront "pas suffisantes ", d'après Kader Abderrahim. "Il faut aussi s'attaquer aux causes du terrorisme, à savoir l'instabilité chronique dans laquelle vit l'Irak depuis 2003 : le démantèlement du gouvernement, la marginalisation des sunnites. C'est le terreau sur lequel s'est constituée Daech. Un terreau qui a permis aux chiites, certes majoritaires démographiquement en Irak, d'accéder aux affaires, mais l'ensemble de l'appareil d'Etat irakien a été démantelé. Tous les sunnites qui exerçaient des responsabilités dans cet appareil d'Etat issu de Saddam Hussein ont fait une alliance " qui a abouti en 2013 à la constitution de Daech.  

La France, comme les Etats-Unis et d'autres, devront aussi s'interroger sur les conséquences que provoquent leurs "interventions dans cette région du monde depuis 30 ans ". C'est là une étape incontournable, d'après le spécialiste de l'islam radical, tout comme le débat sur les "contradictions diplomatiques" de la France. "Il est urgent de débattre sur nos contradictions diplomatiques et certaines alliances - notamment avec le Qatar ou l'Arabie Saoudite - pour envisager l'avenir de manière plus sereine, au moins sur le plan diplomatique ."

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