Attentat de Karachi : le juge confirme la piste politique
L'affaire de Karachi devient de plus en plus sensible. Le juge d'instruction en charge de l'enquête, Marc Trévidic, persiste à vouloir creuser la piste politique, malgré l'opposition du parquet de Paris.
Lors d'une rencontre avec les familles des victimes, il a confirmé que l'attentat pourrait être la conséquence d'une affaire de corruption partie de France, et dans laquelle le nom de Nicolas Sarkozy est cité. Quatorze Français, dont 11 employés de la Direction des constructions navales (DCN), ont été tués dans l'explosion de leur minibus, en mai 2002, alors qu'ils assuraient un contrat de livraison de sous-marins Agosta pour le Pakistan.
A l'époque, la piste d'Al Qaïda était privilégiée. Mais lentement, des présomptions sont remontées à la surface, dirigeant les soupçons des enquêteurs vers une action commanditée par les militaires pakistanais, à la suite d'un imbroglio sur le paiement de commissions.
Marc Trevidic qui, selon l'avocat des familles, a insisté sur son manque de moyens pour enquêter, “laissé seul avec sa greffière”. Il compte demander la co-désignation d'un juge financier pour creuser ce sillon, alors que le parquet de Paris refuse d'ouvrir une procédure sur le volet financier de l'attentat, les estimant prescrits.
AU PLUS HAUT NIVEAU DE l'ETAT
Le juge d'instruction a informé les familles que son enquête confirmait bien que 83 millions d'euros de commissions, convenues dans le cadre du contrat sur les Agosta, étaient en partie revenues en France, ce que l'on appelle des “rétro-commissions”. Un Libanais, Ziad Takieddine, aurait servi d'intermédiaire.
_ Les sommes auraient été versées sur les comptes d'une société créée au Luxembourg par la DCN, avec l'aval du ministre du Budget de l'époque, un certain Nicolas Sarkozy.
Selon l'interprétation des familles des victimes, cet argent aurait servi à financer la campagne présidentielle d'Edouard Balladur en 1995, soutenu à l'époque par Nicolas Sarkozy. Après la victoire de Jacques Chirac, les paiements se sont interrompus au Pakistan comme au Luxembourg. C'est cette interruption qui, selon les familles, aurait conduit à l'attentat, sept ans plus tard. Quoiqu'il en soit, le juge d'instruction aurait déclaré que “au plus haut niveau de l'Etat, on sait parfaitement pourquoi il y a eu arrêt du paiement des commissions.”, selon l'avocat Olivier Morice. Le magistrat de demandé la déclassification de documents estampillés “secret défense”. Il attend qu'elle ait lieu.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.