Attaque raciste mortelle à Paris : ce que l'on sait des trois victimes, toutes membres de la communauté kurde
Le bilan est lourd. Trois personnes sont mortes et trois autres ont été blessées dans l'attaque perpétrée vendredi 23 décembre, rue d'Enghien, dans le 10e arrondissement de Paris. Le suspect, "William M.", âgé de 69 ans et conducteur de train à la retraite, a fait usage de son arme à plusieurs reprises à proximité d'un centre culturel kurde. Selon les informations de franceinfo, il a tout de suite déclaré qu'il était "raciste" pour justifier son acte et qu'il voulait s'en prendre à la communauté kurde. Une enquête, confiée à la police judiciaire, a été ouverte pour assassinats, tentatives d'assassinat, violences volontaires avec armes et infraction à la législation sur les armes. Le mobile raciste a été retenu par l'enquête et ajouté samedi, a annoncé le parquet. Les trois victimes sont toutes kurdes et étaient impliquées dans leur communauté. Franceinfo dresse leur portrait.
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La responsable du mouvement des femmes kurdes en France
Emine Kara, également surnommée Evin Goyi, est l'une des trois victimes de l'attaque de vendredi, rue d'Enghien à Paris. Son identité a notamment été confirmée par Berivan Firat, porte-parole du Conseil démocratique kurde de France (CDK-F), sur BFMTV. Emine Kara était la responsable du Mouvement des femmes kurdes en France. "Elle avait combattu et milité durant trente ans dans les quatre parties du Kurdistan, en Turquie, Irak, Syrie et Iran", écrit Le Monde (article abonnés). "Blessée dans le combat contre Daech", "elle était venue en France pour être soignée", après avoir "combattu dans le nord et l'est de la Syrie", détaille Berivan Firat.
D'après Agit Polat, porte-parole du CDK-F à franceinfo, Emine Kara "avait une certaine responsabilité plus large à l'échelle du mouvement des femmes kurdes du monde entier. Dans ce sens, ce n'est pas une cible qui a été prise au hasard pour nous."
"Nous avons perdu une responsable du mouvement féministe kurde", déplore de son côté auprès de Mediapart Avin, étudiante d'origine kurde iranienne. Selon le site d'investigations et Le Monde, Emine Kara avait demandé l'asile politique en France mais n'avait pas obtenu le statut de réfugiée par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Elle avait fait appel de cette décision.
Un jeune artiste kurde, exilé politique en France
Autre victime de cette attaque : Mîr Perwer, "un jeune chanteur auteur-compositeur qui, justement, écrivait des textes en kurde", selon la porte-parole de l'association kurde CDK-F, sur BFMTV. "Ses textes dérangeaient le système d'Erdogan. Il a été face à un procès, un emprisonnement. Il a dû se réfugier en France, il était réfugié politique, a expliqué Berivan Firat sur le plateau de la chaîne info. Il a été tué alors qu'il était en train de manger tranquillement dans le restaurant en face du centre démocratique kurde." Il était "un artiste kurde exilé en France, sous la protection de la France", a également confirmé sur franceinfo Agit Polat, le porte-parole du CDK-F.
"Il était venu à mon mariage pour chanter et j'étais encore avec lui il y a deux semaines ", raconte auprès de Mediapart Atila. Ce dernier est arrivé sur les lieux quelques heures après l'attaque, mis au courant par l'un de ses amis qui a "vu mourir dans ses bras" Mîr Perwer. "Les pompiers sont arrivés plus de 40 minutes plus tard", rapporte-t-il.
Un militant âgé de la cause kurde
Troisième victime de l'attaque : Abdurahman Kizil, "un homme âgé qui avait comme habitude de venir tôt le matin", au centre Ahmet-Kaya, selon Berivan Firat, la porte-parole de l'association CDK-F, sur BFMTV. "Il était dans toutes les actions, toutes les manifestations des Kurdes. C'était un homme qui avait voué sa vie à la lutte kurde", a-t-elle encore précisé. Il "venait quasi quotidiennement fréquenter notre association", a de son côté confirmé à franceinfo Agit Polat.
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