Cet article date de plus de sept ans.

Attentat sur les Champs-Elysées : ce qu'il faut retenir de la conférence de presse de François Molins

Le procureur de la République a notamment révélé, vendredi, que la justice n'avait pas renvoyé l'assaillant en prison après un récent voyage en Algérie, alors qu'il était suivi par un juge d'application des peines.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le procureur François Molins, le 21 avril 2017, lors d'une conférence de presse après l'attaque de policiers sur les Champs-Elysées. (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP )

C'est un rituel devenu immuable depuis les attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. Le procureur de la République de Paris, François Molins, a tenu une conférence de presse, vendredi 21 avril, pour donner les derniers éléments de l'enquête, au lendemain de l'attaque terroriste qui a visé des policiers sur les Champs-Elysées à Paris. Voici ce qu'il faut en retenir.

>> Attentats contre des policiers à Paris : suivez notre direct

Un hommage au policier tué

En préambule de son intervention, le procureur de la République a rendu un hommage appuyé au policier tué et aux deux autres blessés. "Cet événement dramatique signe l'humilité dont nous devons faire preuve", a-t-il déclaré, faisant référence à la conférence de presse tenue trois jours plus tôt après l'arrestation de deux hommes à Marseille (Bouches-du-Rhône), qui projetait une attaque terroriste. "J'ai une pensée émue pour les proches d'un fonctionnaire de police, mort dans l'exercice de ses fonctions, ainsi que pour ses coéquipiers, blessés ou fortement choqués", a-t-il ajouté. 

Molins plaide pour une "humilité dont nous avons encore toujours faire preuve" face au terrorisme
Molins plaide pour une "humilité dont nous avons encore toujours faire preuve" face au terrorisme Molins plaide pour une "humilité dont nous avons encore toujours faire preuve" face au terrorisme (FRANCEINFO)

Une identification rapide grâce aux papiers d'identité du tueur

Le procureur a ensuite détaillé précisément le déroulement de cette nouvelle attaque au cœur de Paris. C'est à 20h47 que Karim Cheurfi est arrivé sur les lieux à bord d’un véhicule de la marque Audi. Quelques minutes plus tard, l'homme a redémarré et s’est arrêté à côté d'un camion de police au niveau du numéro 102 de l'avenue des Champs-Elysées. Le tueur est alors sorti de sa voiture, en a fait le tour, et a fait feu en direction de la vitre conducteur du véhicule des forces de l'ordre. Le policier au volant a été touché de deux balles de Kalachnikov dans la tête.

L'homme a ensuite contourné le car de police avant d'ouvrir le feu sur les autres fonctionnaires stationnés devant l’office de tourisme de Turquie. Deux policiers, l'un de 34 ans et l'autre de 31 ans, ont été touchés par les quatre balles tirées sur la vitre arrière du camion. Une passante a également été blessée au pied par un éclat de projectile.

L'identification de l'assaillant a ensuite été rapide grâce à la découverte de ses papiers d'identité ainsi que d'une note manuscrite tombée de sa poche avec un message défendant la cause de "Daech""Un autre morceau de papier découvert entre les sièges du véhicule portait mention de plusieurs adresses de service de police", a précisé le procureur. Dans le coffre du véhicule, les enquêteurs ont découvert un sac noir comprenant notamment un fusil à pompe, deux gros couteaux et un sécateur.

Les enquêteurs tentent désormais de savoir si l'homme a agi grâce à l'aide de complices. "Les investigations vont désormais s'attacher à déterminer (...) les éventuelles complicités dont il aurait pu bénéficier", a déclaré François Molins. Une perquisition a été menée dans la nuit de jeudi à vendredi à son domicile de Chelles (Seine-et-Marne) et trois de ses proches sont toujours en garde à vue.

Un terroriste au casier judiciaire chargé

Mais ce qui a longuement occupé le procureur de la République lors de cette conférence de presse, c'est le descriptif détaillé de son parcours judiciaire. Karim Cheurfi est en effet bien connu des services de police et de justice puisqu'il a fait l'objet de quatre condamnations. Le 15 février 2005, il est condamné 15 ans de réclusion criminelle pour tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique pour des faits datant de 2001.

Le 17 mars 2008, il écope de 3 mois de prison pour violences sur un membre de l’administration pénitentiaire en 2007. En novembre 2009, il est condamné à 18 mois de prison pour des faits de violence aggravée sur un codétenu pour des faits datant de 2008. Sa dernière condamnation date de juillet  2014 : il est alors condamné à 4 ans de prison, dont deux avec sursis pour vol avec effraction en récidive, recel de vol, refus d’obtempérer et usurpation de plaque d'immatriculation.

Puis, en avril, il a été convoqué par le juge d'application des peines de Meaux (Seine-et-Marne) car il avait effectué en janvier et février un voyage en Algérie – "pour s'y marier", selon lui – sans avertir la police, comme il en avait l'obligation. Lors de sa convocation, le juge n'avait toutefois pas révoqué son sursis avec mise à l'épreuve, a précisé François Molins.

"Pas de signe" de radicalisation de l'assaillant pendant sa détention

Plus récemment, Karim Cheurfi a été arrêté le 23 février après avoir affirmé à un proche, en décembre, vouloir "tuer des policiers en représailles de ce qui se passait en Syrie", pris des contacts pour acheter des armes et acheté sur internet des couteaux commando, une caméra GoPro et des masques. Mais il avait été relâché le lendemain, la justice estimant ne pas disposer d'assez d'éléments. Une enquête antiterroriste avait néanmoins été ouverte en mars à son sujet.

S'il avait un lourd passé judiciaire, Karim Cheurfi n'avait "pas présenté de signes de radicalisation" pendant les quatorze années qu'il a passées en prison, a précisé le procureur. Il n'était pas fiché S "et n'avait pas présenté tout au long de sa période d'incarcération, donc pendant une période de quasiment 14 ans, (...) de signes de radicalisation ou de signes de prosélytisme pendant toutes ces années de détention", a-t-il ajouté. Les enquêteurs n'ont découvert aucune trace de consultation de sites faisant l'apologie du terrorisme.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.