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Ces liens "constants et soutenus" entre Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly

Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly se connaissaient de longue date et étaient restés en contact.

Article rédigé par franceinfo
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La photo d'Amedy Coulibaly diffusée par la police dans le cadre de la fusillade de Montrouge et de la prise d'otages de Vincennes, le 9 janvier 2015. (DR)

Les deux hommes ont péri vendredi 9 janvier après-midi à l'issue de prises d'otages dans une imprimerie de Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne) et dans une épicerie casher de la porte de Vincennes à Paris

Chérif Kouachi, l'un des deux auteurs de l'attentat contre Charlie Hebdo, a affirmé à BFMTV avoir été envoyé par Al-Qaïda au Yémen. Amedy Coulibaly, le preneur d'otages de la Porte de Vincennes, a assuré à la même chaîne avoir "synchronisé" son action avec lui mais il se réclamait du groupe Etat islamique. Pourtant, c'est un même réseau terroriste qui semble avoir été à l'œuvre en région parisienne. 

Une rencontre en prison

La sous-direction antiterroriste (SDAT) établit un lien entre Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly en 2010. Les deux hommes sont alors arrêtés avec une dizaine d'autres suspects. Ils sont soupçonnés de participer à un projet d'envergure : l'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, un ancien du Groupe islamique armé algérien (GIA), condamné en 2002 à perpétuité pour sa participation en tant qu'artificier à l'attentat qui avait fait 30 blessés à la station de RER Musée-d'Orsay à Paris en 1995.

Au moment de son arrestation, Amedy Coulibaly est notamment en possession d'un fusil d'assaut Kalachnikov et de près de 300 munitions. Amedy Coulibaly est condamné à cinq ans de prison fin 2013. Il est remis en liberté en 2014, rapporte Le Parisien. Chérif Kouachi bénéficie, lui, d'un non-lieu. Fautes de preuves. Dans ce même dossier, l'aîné des Kouachi, Said, apparaît. Mais aucun élément n'a poussé, à l'époque, les policiers à poursuivre leurs investigations.

Au cours de ses interrogatoires, raconte le JDD, Amedy Coulibaly reconnaît ses liens avec Chérif Kouachi : "C'est un ami que j'ai rencontré en prison. Il m'arrive de le voir souvent, mais il y a aussi des périodes pendant lesquelles nous ne nous voyons pas (…) Je crois qu'il était en prison, car il a été attrapé juste avant qu'il parte faire le jihad."

Coulibaly et Kouachi se sont fréquentés en 2005 lorsqu'ils étaient incarcérés à Fleury-Mérogis (Essonne). Le premier, délinquant multirécidiviste, y purge une peine de six ans de prison pour vol à main armée. Il s'y convertit à l'islam radical, précise L'Obs. Le second est en détention provisoire dans l'affaire de "la filière des Buttes-Chaumont", un réseau qui a envoyé une dizaine de jeunes du 19e arrondissement de Paris combattre en Irak dans les rangs jihadistes.

Un mentor commun ?

L'enquête de 2010 révèle également que les deux hommes ont fréquenté un certain Djamel Beghal, alias Abou Amza, rapporte le JDD. L'homme avait été condamné à dix ans de prison pour un projet d'attentat fomenté, en 2001, contre l'ambassade des Etats-Unis à Paris. "Quand j'étais en prison, il était juste au-dessus de moi, et il était aux isolés. Et cela m'a fait de la peine", explique en 2010 aux enquêteurs Amedy Coulibaly. 

Djamel Beghal est considéré comme un des mentors de Chérif Kouachi. Les deux hommes se sont eux aussi rencontrés à la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, où ils étaient incarcérés.

Une fois libérés, Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly lui rendent visite - ensemble et séparément - dans le Cantal, où Beghal est alors en résidence surveillée, mais où il est soupçonné de superviser les préparatifs de l'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem, affirme Le Monde

Des contacts assurés par leurs compagnes

Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly sont restés en contact au travers de leurs compagnes. Le procureur de Paris François Molins a révélé que l'épouse de Chérif Kouachi, Izzana Hamyd, avait "passé plus de 500 appels sur l'année 2014 avec la compagne de Coulibaly", Hayat Boumeddiene. 

Ce chiffre est selon le haut magistrat "de nature à établir des liens constants et soutenus entre les deux couples". L'épouse de Chérif Kouachi est depuis mercredi en garde à vue. La compagne de Coulibaly fait, elle, toujours l'objet d'un avis de recherche.

Vendredi soir, le procureur de Paris a donc annoncé la jonction des différentes enquêtes ouvertes depuis mercredi sur l'attaque de Charlie Hebdo, la fusillade de Montrouge ou encore les prises d'otages de Dammartin-en-Goëles et Paris "compte tenu de l'entente qui semble avoir existé entre ces (...) terroristes pour commettre leurs actions de manière coordonnée".

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